Timide retour des touristes français en Tunisie

Lentement mais sûrement, les voyagistes français reprennent le chemin de la Tunisie. Après le trou d’air causé par les attentats de 2015, ils voient enfin les réservations « frémir » pour cette ex-destination phare de la Méditerranée.

Au port de la Goulette, près de Tunis, le 6 octobre 2016. © Fethi Belaïd/AFP

Au port de la Goulette, près de Tunis, le 6 octobre 2016. © Fethi Belaïd/AFP

Publié le 25 janvier 2017 Lecture : 3 minutes.

De l’autre côté de la Méditerranée, les agences de voyage françaises constatent depuis deux mois une reprise de l’activité pour la destination. Selon le vice-président des Entreprises du Voyage, Richard Soubielle, les réservations de Français ont bondi de 66% en novembre et de 39% en décembre. Même tendance chez les tour-opérateurs, pour qui « on ne recule plus mais on gagne »  côté carnet de commandes.

Si les Français recommencent à envisager la Tunisie, c’est parce que « les prix sont bas, il y a du soleil, on parle français et il y a les plus belles plages », résume à l’AFP Laurent Abitbol, président du groupe Marietton Développement. Celui-ci est présent en Tunisie via le tour-opérateur Voyamar.

« La destination revient fort, en 2010 nous faisions 100 000 clients puis c’est tombé à 8 000 en 2015. Mais l’an dernier, nous sommes remontés à 14 000 personnes et nous tablons sur 30 000 pour 2017 », relate-t-il.

Pas d’emballement

« L’idée est de revenir raisonnablement, étape par étape, et dans la mesure où il n’y a pas d’événements. Mais aujourd’hui, même si le risque zéro n’existe pas, la destination déploie les mêmes moyens que n’importe quel pays européen en termes de sécurité », explique de son côté à l’AFP Raouf Benslimane, PDG de Thalasso N1 et Ô Voyages.

Son groupe compte ouvrir deux nouveaux clubs en Tunisie au printemps, et table sur 10 000 clients cette année, « contre moins de 5 000 en 2016, mais plus de 80 000 avant la révolution ».

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Au Club Med, on parle d’ »un petit frémissement mais pas vraiment d’emballement » pour le village de Djerba-La Douce, qui depuis trois ans n’ouvre plus l’hiver.

Le groupe préfère jouer la prudence : « Nous avons constaté l’an passé le retour d’une clientèle d’habitués. Nous attendons de voir si cette tendance modeste mais réelle se poursuit pour éventuellement envisager d’allonger la durée d’exploitation de cette destination qui nous est chère ».

Une destination peu rentable

Car plusieurs voyagistes admettent que continuer de proposer la Tunisie dans leurs brochures n’est pas vraiment rentable. « La décision de rester ne s’inscrit pas dans un pragmatisme économique absolu », concède à l’AFP Serge Laurens, directeur marketing de Transat France (Look Voyages). « Nous avons réduit la voilure en passant de trois clubs Lookéa à un seul car si on faisait 15 000 clients en 2015, on en a eu 5 000 en 2016. Aujourd’hui, il y a des réservations mais ce n’est pas le raz-de-marée », souligne-t-il.

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« On y va à tâtons », renchérit Christophe Fuss, directeur des opérations Hôtels et Clubs chez TUI France, qui avait notamment déprogrammé son club Marmara tunisien pour l’hiver 2016. Le premier opérateur touristique de l’Hexagone indique qu’il va proposer « un peu plus de chambres que l’an dernier et ouvrir plus tôt » son club à Djerba. Mais il va prendre « moins d’engagements [auprès des hôteliers locaux, ndlr] pour garder notre flexibilité car la destination reste compliquée ».

Près de 6 millions de touristes en 2016

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« L’effet d’entraînement est important », estime Raouf Benslimane : « Plus il y aura de tour-opérateurs qui reviendront en Tunisie, plus les touristes auront confiance. »

Plus globalement, 2016 aura été « une première année sur le chemin du retour à la normalité. […] Nous avons dépassé les 5,7 millions de touristes », contre 5,3 millions en 2015, a indiqué à l’AFP Abdellatif Hmam. Une timide reprise qui s’explique, selon lui, principalement par les performances des marchés russe (623 000 visiteurs) et algérien (1,8 million).

La hausse est particulièrement spectaculaire pour le premier (près de 800% à fin septembre), du fait du contexte géopolitique qui a détourné les Russes de la Turquie et de l’Égypte.

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