Emplois fictifs : le #FillonGate vu d’Afrique

En politique, l’emploi douteux d’un conjoint ou d’un proche est une pratique bien répandue… En France, comme le montre le « FillonGate », mais aussi dans plusieurs pays du continent ?

L’œil de Glez. © Glez / J.A.

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Publié le 27 janvier 2017 Lecture : 3 minutes.

#FillonGate… #PenelopeGate… Il y a des « boules puantes » aux parfums népotiques qui, humées d’Afrique, ont des airs de « déjà senti ». Selon l’hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné, Pénélope Fillon, épouse du candidat de la droite à la présidentielle française, a été employée, durant huit ans, comme assistante parlementaire de l’ancien Premier ministre, pour une rémunération totale de plusieurs centaines de milliers d’euros. Le scandale serait-il le même sur continent, où l’homo politicus africain est habitué à voir des épouses de responsables politiques jouer un rôle opérationnel – et donc légitimement rémunéré –, dans la carrière des élus ?

Si l’on s’en tient au sommet de la pyramide du pouvoir, le poids politique de Rosine Soglo, de Grace Mugabe ou de Simone Gbagbo n’a plus à être démontré, et ceci bien avant l’accès de leurs « chéris cocos » à la magistrature suprême. Inutile, pourtant, de chercher, dans ces exemples, des équivalents du « PenelopeGate ». Primo, sur la question des salaires, l’opacité est encore largement la règle dans les palais africains. Secundo, en ce qui concerne la légitimité politique, personne ne nie le militantisme – même intéressé – des trois amazones précitées.

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Une pratique bien française

Mais regardons la France de plus près. Personne ne trouve incongrue la présence de Ségolène Royal au gouvernement français, au moment où le père de ses enfants réside pourtant à l’Elysée. Quant à la pratique de l’embauche de conjoints peu politisés, elle n’est évidemment pas spécifiquement africaine : Nadia Copé et Pauline Le Maire, épouses respectives d’anciens rivaux de François Fillon, ont travaillé comme assistantes parlementaires de leur « moitié » ; Véronique Bartolone, épouse de l’actuel président de l’Assemblée nationale, a été embauchée au sein du cabinet de son conjoint ; quant à Louis Aliot, compagnon de Marine Le Pen – politicien, il est vrai –, il fut assistant de la députée européenne.

L’argument ultime des couples « collés-serrés » est toujours le même

L’argument ultime des couples « collés-serrés » est toujours le même : « Je travaille tellement que si l’on ne travaille pas ensemble, on ne se verra jamais ». Attendrissant. Mais plus troublant est le cas de Pénélope Fillon qui déclarait encore, en octobre dernier au journal « Bien public », qu’elle ne s’était « jamais impliquée dans la vie politique » de son mari. Si le recrutement d’une épouse peut être justifié, le soupçon d’emploi fictif gêne aux entournures le candidat à une élection dont le premier tour doit se tenir en avril prochain.

Opacité des rémunérations

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Mais si l’on tresse l’opacité des rémunérations politiques africaines avec le sport continental des emplois fictifs et la place prédominante de la famille dans les valeurs fondatrices du continent, il ne faut pas s’étonner qu’en Afrique, les embauches parentales ne se limitent guère aux conjoints. C’est par le biais de fonctions aussi formelles que peu électives que les pouvoirs africains ont aussi été gérés, ici ou là, par le frère burkinabè François Compaoré, le fils équato-guinéen Teodorin Obiang, le gendre congolais Paul Toungui, la fille et sœur gabonaise Pascaline Bongo, le beau-frère sénégalais Mansour Faye, les fils sénégalais Karim et Sindjéli Wade ou encore les rejetons togolais Ernest, Rock, Kpatcha et Faure Gnassingbé.

Tous ses parents promus effectuaient-ils un travail fictif ? Une chose est sûre : n’évoluant pas dans un régime africain, Pénélope Fillon devra s’en défendre devant la justice. Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet national financier pour des « chefs de détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits ».

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