Indice « Happy Planet » : souriez, vous êtes classés !
À l’ »indice de développement humain » du Programme des Nations unies (Pnud), la New Economics Foundation oppose l’ »indice de la planète heureuse ». L’Afrique est-elle mieux lotie dans ce classement ?
Enfin ! L’Afrique aura-t-elle, enfin, l’occasion d’échapper aux déprimantes classifications des nations du monde par produit intérieur brut ? Enfin, le continent dit "noir" pourra-t-il se consoler, après avoir tant squatté les dernières places du classement du Pnud pour le développement ? Pourra-t-il, enfin, oublier ce tableau de l’IDH au bas duquel les Africains ne croisent des Asiatiques que lorsque ceux-ci sont victimes d’un tsunami ? Enfin, l’Afrique sera-t-elle épargnée par les tombereaux de clichés qui truffent jusqu’aux chansons caritatives du projet “Band Aid” ? Pourra-t-elle chanter "Happyyyyyy" avec Pharrell Williams ?
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Car c’est bien la joie – plus que le développement – que le think tank britannique New Economics Foundation (NEF) évalue en croisant l’espérance de vie, l’empreinte écologique ou encore le niveau de liberté politique. L’organisation a ainsi jaugé le bien-être de 151 pays qu’elle a classés par rapport à l’indicateur “Happy Planet Index” (HPI) ou "indice de la planète heureuse".
À l’échelle africaine, l’Algérie s’est vu décerner les lauriers de pays le plus heureux, avec un HPI de 52,2 points. Elle devance les deux autres pays du Maghreb : la Tunisie avec 48,3 points et le Maroc avec 47,9. Viennent ensuite, sur le continent, Madagascar (46,8 points), le Malawi (42,5 points), l’Égypte (39,6 points), la Namibie (38,9 points) et la Zambie (37,7 points). Pas sûr que les Malgaches aient la sensation d’être le peuple le plus jovial de la frange noire de cette partie du monde. Pas sûr, non plus, que les Botswanais, souvent cités comme exemplaires dans la gestion de leur nation, prisent leur position de bon dernier dans la partie africaine du classement. Le Botswana obtient le score de 22,6 points, contre 24,7 points pour le Tchad et 25,3 points pour la perturbée Centrafrique.
Si l’ordre des différentes nations africaines heurte les a priori, tant mieux, puisque ce classement "de la joie" est censé briser les idées préconçues. Pourtant, pas sûr qu’il brise les clichés, lorsqu’il s’agit d’observer le classement de l’Afrique, cette fois, vis-à-vis du reste du monde. Si la triomphante Algérie – surprise confirmée – est 26e nation sur 151, le bas du tableau n’épargne pas le continent. Sur les 25 derniers pays, 17 sont africains, dont la lanterne rouge. Maigre consolation : l’Afrique côtoie, au fond de ce classement, des nations qu’elle ne croise pas au fond des autres. Le Bangladesh avec qui elle tape habituellement le carton à la cave, quand il s’agit du Pnud, est, selon le HPI, le onzième pays le plus heureux du monde. Par contre, l’antépénultième nation est le richissime Qatar où, il est vrai, il ne fait pas bon être terrassier. Quant au Luxembourgeois, il serait plus malheureux que le Guinéen. Gageons que ce classement 2014 a été conçu avant la poussée de fièvre hémorragique aux alentours de Conakry…
Prudents, les géniteurs du HPI précisent que cet indice ne mesure pas tout, notamment certains aspects des droits de l’homme. Mais après tout, si l’Afrique est lasse du cliché du continent en galère, une position sur le podium du “Happy Planet Index” en aurait corroboré un autre : celui du nègre naïf toujours souriant…
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Par Damien Glez
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