Le Maroc hôte du deuxième Forum mondial des droits de l’homme
Du 27 au 30 novembre, le Maroc organise le Forum mondial des droits de l’homme. Un événement chargé de symboles pour un pays qui sort d’un passé marqué par de nombreuses violations des droits humains et qui veut s’imposer sur la scène internationale.
"Nous ne voulons pas d’un forum vitrine, mais un forum pluraliste dans le respect des règles du dialogue". Le message que véhiculent les diplomates marocains sur la deuxième édition (après celle du Brésil) du Forum mondial des droits de l’homme (FMDH), prévue du 27 au 30 novembre à Marrakech, est d’un ton nouveau. Le Maroc adopte un franc-parler qui montre que le sujet ne lui fait plus peur. Il dit qu’il a des acquis mais aussi… des insuffisances.
Certes, le pays est sorti de la période où les violations des droits de l’homme étaient pratiquées à grande échelle, notamment grâce au travail de réhabilitation mené par l’Instance équité et réconciliation (IER) et par son président feu Driss Benzekri, mais il est encore épinglé sur d’autres dossiers non moins sensibles comme la liberté d’expression et la corruption. Deux points qui font encore mal dans les rapports de Reporters sans frontières (RSF) et de Transparency International (TI).
Réformes à long terme
À ces griefs s’ajoute le dossier très politisé des droits de l’homme au Sahara que brandissent les parties adverses du Maroc alors que de réels efforts de développement sont consentis dans ces zones (dont un plan de développement économique de 140 milliards de dirhams d’ici 2023). Les responsables marocains concèdent qu’ils ont encore du chemin à parcourir. Ils veulent juste que leurs efforts soient remis dans leur contexte, c’est-à dire à l’heure du Printemps arabe et de la montée du jihadisme ; qu’on ne compare pas une société en construction comme celle du Maroc à des modèles occidentaux plus aboutis ; et qu’on comprenne que le royaume a misé sur des réformes à long terme.
Depuis la mort de Hassan II, le Maroc a construit un solide arsenal institutionnel.
Depuis la mort de Hassan II, le Maroc a construit un solide arsenal institutionnel : un Conseil économique, social et environnemental (CESE) devenu, en peu temps, une véritable force de proposition, une Cour des comptes aux pouvoirs de contrôle renforcés, une Instance centrale de prévention contre la corruption (ICPC) qui essaie de vaincre des résistances bien ancrées… De même, la lutte contre les crimes liés à la torture a connu cette année une petite révolution avec l’interdiction formulée aux tribunaux militaires de juger les civils.
Violence et racisme
Au niveau des droits économiques et sociaux, la généralisation de l’enseignement est un acquis même si le taux d’abandon scolaire reste élevé chez les jeunes. Une nouvelle procédure de régularisation des immigrés clandestins a été mise en place et essaie de faire son chemin dans une société marocaine confrontée à quelques actes de violence et de racisme. Au niveau associatif, environ 80 000 associations agissent au Maroc mais n’ont pas toutes les moyens de se développer. De nouveaux sujets ont investi la scène marocaine comme la lutte contre la peine de mort, la protection contre les viols, les libertés individuelles, l’égalité hommes-femmes… même s’ils ne sont pas suivis par de réformes législatives à la hauteur des revendications.
Au Maroc, on a compris qu’il faut laisser du temps au temps. Le Forum de Marrakech, auquel sont conviés la Sud-Africaine Navy Pillay, ancienne Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Isabel Allende Bussi, présidente du Sénat au Chili, ainsi que trois prix Nobels de la paix, la Pakistanaise Malala Yousafzai, l’Indienne Lailash Satyarthi et l’Iranienne Shirine Ebadi, est une étape dans le virage que le Maroc est en train d’amorcer dans le chantier des droits de l’homme.
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