Centrafrique : pourquoi les experts de l’ONU veulent sanctionner Michel Djotodia
Les experts des Nations unies sur la Centrafrique ont demandé au Conseil de sécurité de sanctionner une dizaine de personnalités dont l’ancien président Michel Djotodia. Tous verraient alors leurs avoirs financiers bloqués et seraient interdits de voyager.
Depuis sa villa de Cotonou où il coule des jours paisibles en exil, Michel Djotodia doit commencer à avoir les oreilles qui sifflent. Car son nom pourrait rapidement venir garnir la liste des personnes sanctionnées par les Nations unies. C’est en tout cas le souhait du groupe d’experts de l’ONU sur la Centrafrique, comme l’a révélé RFI mardi 25 novembre.
Selon plusieurs sources, diplomatiques et onusiennes, l’ancien président fait partie d’une liste de dix ou douze personnes morales et physiques (et non sept), que les experts ont soumis au Conseil de sécurité lors de la remise de leur rapport final en octobre. Figurent sur cette liste des trafiquants de ressources naturelles et deux compagnies de diamants, Badica en Centrafrique et Kardiam en Belgique. Badica est la propriétée d’Abdoul-Karim Dan Azoumi, qui passe pour être un des financiers du coup d’État de la Séléka en mars 2013.
Les experts de l’ONU estiment que ces personnalités compromettent la paix, la stabilité et la sécurité en RCA. Il est notamment reproché à Djotodia, aujourd’hui président du Front populaire pour la renaissance de Centrafrique (FPRC, une des trois composantes actuelles de l’ex Séléka), ses nombreuses références à la partition du pays.
>> Lire aussi : Djotodia a-t-il roulé tout le monde dans la farine ?
"Le 17 août, un document non signé portant l’entête de Michel Djotodia et de Noureddine Adam [vice-président du FPRC, déjà sous sanctions onusiennes], appelant à l’indépendance de la République de Dar el-Kouti, a été communiqué à la presse", expliquent les experts dans leur rapport. "Il avait été envoyé par Mal-Mal Essen, un membre du FPRC connu pour être l’un des principaux idéologues de Nourredine Adam", ajoutent-ils.
Les membres du FPRC interrogés par le Groupe d’experts ont confirmé que le document reflétait les propos d’individus qui appartiendraient à la branche radicale du groupe. Et Djotodia a une nouvelle fois mentionné l’option de l’indépendance du nord-est de la Centrafrique dans une interview donnée le 3 septembre au quotidien béninois Matin Libre. Il propose alors deux solutions pour mettre fin au conflit en RCA : le retour au pouvoir de l’ex-Séléka ou la partition.
>> Pour aller plus loin : La Séléka au bord de l’implosion
Cette liste d’une dizaine de noms est en ce moment examinée par les pays membres du Conseil de sécurité. Pour qu’une personnalité soit sanctionnée par l’ONU, il faut qu’un des États membres soumette son nom au comité de sanctions, qui statuera ensuite par consensus. "Le processus est en cours, confie une source diplomatique. Des noms ont été proposés par les experts, il faut maintenant que tout le monde se mette d’accord, fasse le tri pour établir une liste équilibrée."
"Tout ça peut prendre du temps, conclu un fonctionnaire de l’ONU. Encore plus si certains États, comme la France, redoutent les conséquences politiques des sanctions contre Djotodia." En mai, l’ex-chef de la Séléka avait échappé à la première salve de sanctions de l’ONU, mais avait été épinglé par les États-Unis quelques jours plus tard (gel de ses éventuels biens et entrée interdite sur le territoire américain).
S’il était sanctionné, l’ancien président centrafricain verrait cette fois ses avoirs financiers bloqués et serait interdit de voyager. Notamment dans les pays du Golfe, où il a séjourné pendant plusieurs jours début octobre.
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Par Vincent DUHEM
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