Franc-maçonnerie : la grande loge de Côte d’Ivoire perd son fondateur
Clotaire Magloire Coffie, le fondateur de la grande loge de Côte d’Ivoire (GLCI) est décédé accidentellement ce dimanche 29 janvier, dans un accident de voiture. Un coup dur pour les maçons, qui le vénéraient, et pour Hamed Bakayoko, son successeur et actuel ministre de l’Intérieur.
« Le Papa est mort, nous sommes dévastés. Son 4×4 a crevé, avant de faire plusieurs tonneaux. Le Papa et un autre frère, Michel Ghorayeb, sont morts » a confié à Jeune Afrique entre deux sanglots, un dirigeant de la GLCI qui a requis l’anonymat.
Clotaire Magloire Coffie s’était rendu à Yamoussoukro pour la pose de la première pierre du Temple Paumelie Coffie, du nom de son frère, un des pontes de la GLCI décédé au dernier trimestre 2016. Ce temple doit abriter les ateliers et travaux de la Province du centre, dont le grand maître est Alain-Richard Donwahi, le ministre de la Défense.
Septuagénaire, Clotaire Magloire Coffie était très influent et discret. Il a marqué la vie politique de la Côte d’Ivoire, voire du continent pendant plusieurs décennies. En Côte d’Ivoire, on doit en effet à la GLCI l’abolition de la peine de mort en 1990.
Clotaire Magloire Coffie s’était impliqué dans la résolution de plusieurs crises. Il était à l’initiative de la création de la conférence des grands maîtres et secrétaires d’Afrique. Les chefs d’État africains comme Sassou Nguesso ou Idriss Deby Itno lui vouaient un grand respect, et n’hésitaient pas à lui affréter des avions.
L’influence des francs-maçons en Côte d’Ivoire
Après plusieurs décennies, Clotaire Magloire Coffie qu’on pensait inamovible a passé la main en avril 2015, à Hamed Bakayoko, l’actuel ministre de l’Intérieur. Mais, il a gardé une grande influence sur la GLCI. En décembre 2010, au plus fort de la crise post-électorale ivoirienne, Clotaire Magloire Coffie avait reçu Jeune Afrique au Restaurant 357 sur la route de Grand Bassam. Ce fut la seule et unique fois, qu’un journaliste entrait dans ce lieu où les francs maçons de la grande loge se rencontraient le dimanche autour du Papa.
« En Côte d’Ivoire, ils sont nombreux les frères qui se sont investis pour éviter que ne s’enveniment les hostilités. Ils ont eu beaucoup d’influence sur les événements » avait il alors confié à Jeune Afrique, précisant quels présidents − de Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara, en passant par Félix Houphouët-Boigny et Henri Konan Bédié − avaient eu auprès d’eux des francs maçons.
Pendant la crise qui a secoué la grande loge nationale française (GNLF), la GLCI n’a jamais coupé les ponts, contrairement à certaines obédiences africaines. Car c’est la GNLF qui a introduit la franc-maçonnerie en Côte d’Ivoire, avec l’ouverture de la première loge dénommée Nicleus numéro 1, le 19 avril 1975, grâce au Grand Maître d’alors Auguste Louis Derosière. La GLCI a été consacrée le 18 avril 1978 à Yamoussoukro.
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