Au Gabon, Areva reste en embuscade
L’exploration relancée par le groupe nucléaire français en 2008 porte ses fruits : des indices de réserves équivalentes à plus de la moitié de l’uranium extrait par La Compagnie des Mines d’Uranium de Franceville (Comuf) entre 1960 et 2000 ont été identifiés.
Mounana n’a pas dit son dernier mot. Le site minier situé à l’est du Gabon, fief de la production d’uranium de la Compagnie des Mines d’Uranium de Franceville (Comuf) pendant un demi-siècle, pourrait reprendre du service. Ce qui suscite un certain frémissement du côte de l’exécutif gabonais, à la recherche de relais pour une croissance plombée par une très forte dépendance au pétrole.
Contactée par Jeune Afrique, une source à Libreville indique qu’une reprise de la production est à portée de main.
« Les conditions actuelles du marché de l’uranium ne permettent pas d’envisager un investissement qui permettrait de relancer une activité minière dans le pays », modère Michel Capobianco, le directeur général de la Comuf et d’Areva Gabon.
Certes, une éventuelle reprise de la production d’uranium ne pourrait pas intervenir à brève échéance — pas avec les prix actuels de l’uranium. Mais tout du moins le groupe nucléaire français conserve-t-il un ancrage pérenne au Gabon pour y conduire l’exploration.
Des indices de 15 000 tonnes d’uranium
Le Gabon − comme le Canada, la Mongolie ou le Kazakhstan −, font partie des pays où Areva conserve des positions, dans la perspective d’une reprise de la demande en uranium. Ce qui, en interne, est attendu à une échéance lointaine, pas avant 2030.
Jusqu’à 10% de la production totale d’Areva
C’est Areva Gabon, établie à Franceville en 2008, après qu’Areva a été autorisé à reprendre la prospection d’uranium par l’État du Gabon fin 2006, qui se charge de l’exploration. La tête chercheuse d’Areva au Gabon, propriété à 100% du groupe français, a identifié des indices de 15 000 tonnes d’uranium. Un travail mené avec les équipes du spécialiste américain des forages Boart Longyear Gabon.
Ce qui à terme en Afrique pourrait servir de relais aux mines nigériennes d’Arlit, déclinantes alors qu’elles assurent une part importante de la production minière annuelle (2509 tonnes d’uranium en 2015 sur un total de 11002 tonnes).
Un gisement gabonais potentiel qui pourrait représenter jusqu’à 10% de la production mondiale en uranium − mais sans doute beaucoup moins en cas de reprise de l’immense projet d’Imouraren au Niger qui a été suspendu.
Conflit social et réaménagement des mines
Une équipe d’une quarantaine de personnes est ainsi conservée dans le pays, moyennant un budget annuel de 5 millions d’euros.
Mais encore faut-il que les conditions de marché soit au rendez-vous, ce qui est encore loin d’être le cas, avec une livre d’uranium sous les 30 dollars.
Parallèlement à cette prospection, la Comuf doit affronter les conséquences d’un passif social houleux avec les anciens salariés — plusieurs anciens mineurs s’estimant atteints par des pathologies réclament une indemnisation au groupe — et merner à bien le réaménagement des mines déjà excavées, dont 26 000 tonnes d’uranium ont été sorties de 1960 à 2000.
La Comuf est détenue à 25,8% par l’État du Gabon et à 68,4% par Areva.
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