Tunisie : faible participation à la présidentielle
À la mi-journée, le taux de participation à la présidentielle tunisienne était de 11,85 %. Un faible intérêt de la population pour le scrutin, qui ne lui enlève pas son caractère historique.
"Aujourd’hui, c’est le peuple qui parle. Plus de 10 semaines de campagne entre législatives et présidentielle, c’est lourd. Nous sommes soulagés d’en voir la fin", affirme Rafet, un cadre de banque qui s’est présenté au bureau de vote de la Cité olympique à Tunis dès 8 heures du matin.
Rafet aurait pourtant pu s’éviter un réveil aux aurores. Le scrutin, pour la première élection présidentielle libre du pays, n’attire pas grand-monde. Prévu par les instituts de sondages, le faible taux de participation constaté à la mi-journée sur le territoire tunisien (11,85% selon l’Instance supérieure indépendante pour les élections – ISIE) est venu confirmé la participation totale constatée de la communauté résidente à l’étranger (16,87 %).
Les Tunisiens n’ont donc pas été sensibles aux appels pressants lancés il y a quelques jours par Chawki Abid, ancien conseiller de Moncef Marzouki, qui jusqu’à la dernière minute poussait à ce que "chaque électeur choisisse le porteur de ses principes, le défenseur de ses valeurs et le projecteur de sa vision".
Les jeunes, surtout, semblent être les grands absents de cette journée que beaucoup de votants qualifient néanmoins d’historique. L’un des rares électeurs de moins de vingt ans présent ce matin au bureau de la Cité olymique s’exclame : "Ces élections sont paradoxales. Les jeunes votent pour un vieux, Béji Caïd Essebsi, les bourgeois votent pour un communiste, Hamma Hammami, les islamistes votent pour un athée, Moncef Marzouki, et les prolétaires votent pour un multimilliardaire, Slim Riahi… "
>> Voir aussi les portraits interactifs : qui sont les 27 candidats à la présidentielle tunisienne ?
Une abstention qui devrait profiter à Béji Caïd Essebsi
Selon certaines analyses, la démobilisation serait due au fait que le parti islamiste Ennahdha n’a donné aucune consigne de vote en se réservant la possibilité de soutenir un candidat au second tour, dût-il y en avoir un. La désaffection des urnes semble profiter à Béji Caïd Essebsi, 87 ans, qui pourrait obtenir la clé du palais de Carthage dès ce soir.
Déjà annoncé en bonne position par rapport à son principal rival, le président par intérim Moncef Marzouki, il semble rallier les moins démotivés. "Le candidat que je préfère a peu de chances de passer, alors j’ai voté Caïd Essebsi", explique Meriem qui assure que "même avec un fort taux d’abstention, l’idéal serait de clore ces présidentielles dès le premier tour. Les Tunisiens sont fatigués et voudraient en finir avec l’instabilité politique."
Malgré l’interdiction de sondages en sortie d’urnes décrétée par l’ISIE, les Tunisiens devraient être fixés sur le résultat du scrutin dès ce soir. Les médias ont déclaré vouloir les annoncer, estimant que l’interdiction allait à l’encontre du droit à l’information.
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Frida Dahmani, à Tunis
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