Élections au Nigeria : ICG tire la sonnette d’alarme au sujet des violences politiques
À l’approche des élections générales de février 2015, l’ambiance est délétère au Nigeria. Publié vendredi, un rapport de International Crisis Group s’inquiète de la probable explosion de violences politiques à grande échelle.
Dans un rapport de 42 pages publié vendredi, International Crisis Group (ICG) tire la sonnette d’alarme. Les élections générales de février 2015 au Nigeria se rapprochent et la situation politique ne cesse de se détériorer, faisant craindre l’éclatement de nombreuses violences, explique l’ONG, pour qui les scrutins à venir "s’annoncent explosifs et brutaux".
Dernier incident en date : les forces de l’ordre ont tiré jeudi des grenades lacrymogènes dans le hall du Parlement nigérian à l’arrivée du président de la Chambre des représentants, juste avant un vote sur une prolongation de l’état d’urgence visant à contrer l’insurrection du groupe islamiste armé Boko Haram dans le nord-est, qui a coûté la vie à plus de 13 000 personnes depuis 2009. "Si l’on veut éviter des effusions de sang avant, pendant et après les élections, il est urgent d’améliorer l’organisation et la sécurité des élections, et encore plus important de faire évoluer les esprits", martèle ICG.
Règle tacite d’alternance
Goodluck Jonathan, qui dirige le pays depuis mai 2010, a annoncé récemment qu’il serait candidat à sa propre succession au nom du PDP, le Parti démocratique populaire. Malgré la règle tacite qui voudrait qu’il laisse un président originaire du nord musulman, essentiellement musulman, lui succéder. Or le rapport souligne la volonté des responsables politiques du nord de reprendre coûte que coûte la présidence au sud chrétien, dont est issu Goodluck Jonathan, âgé de 56 ans.
Face au président sortant, deux personnalités musulmanes ont déjà annoncé leur candidature aux primaires du Congrès progressiste (APC), une coalition d’opposition : l’ancien dirigeant Muhammadu Buhari et l’ex-vice-président Atiku Abubakar. L’émergence de cette nouvelle coalition, qui rassemble les principaux partis d’opposition, est elle-même source de possibles tensions, souligne par ailleurs ICG.
Il s’agit de la première confrontation nationale à se jouer essentiellement entre deux camps depuis le retour à un pouvoir civil en 1999.
Il s’agit de la première confrontation nationale à se jouer essentiellement entre deux camps (…) depuis le retour à un pouvoir civil en 1999, observe le rapport, en relevant les discours souvent violents et les relations hostiles du PDP et de l’APC. Pour compliquer le tout, à cause de l’insurrection de Boko Haram, la commission électorale a admis qu’il sera presque impossible d’organiser le scrutin dans les trois États les plus touchés (Borno, Yobe et Adamawa).
Capture d’écran d’une nouvelle vidéo publiée par Boko Haram montrant des combattants du groupe islamiste sur un tank dans une ville non identifiée. © AFP
Les forces de l’ordre au service du PDP ?
"Or un scrutin qui ne se tiendrait pas sur la totalité du territoire (…) risque de ne pas remplir les conditions constitutionnelles requises pour l’élection d’un président", fait valoir le rapport. "Dans cette atmosphère politique explosive, un résultat contesté pourrait mettre le feu aux poudres", ajoute-t-il.
Selon le rapport, l’opposition a par ailleurs le sentiment grandissant que les forces de l’ordre font office de supplétifs du PDP, une impression encore renforcée par l’incident survenu jeudi au Parlement. Enfin la quantité d’armes importées au Nigeria aurait atteint un sommet historique, estime l’ICG, alors que les milices civiles sont fréquemment utilisées par les hommes politiques pendant les périodes électorales. "Il faut des efforts concertés de tous les acteurs nationaux et des partenaires étrangers afin d’éviter le pire", a-t-il conclu.
(Avec AFP)
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