Une pêche durable est essentielle pour la sécurité alimentaire en Afrique
Catherine Novelli est sous-secrétaire d’État américaine pour la Croissance économique, l’Énergie et l’Environnement.
Le monde célèbre cette semaine une ressource naturelle source de nourriture pour des milliards de personnes et d’emplois pour plus de 50 millions d’individus de par le monde – la pêche.
La Journée mondiale de la pêche – établie en 1998 et célébrée chaque année le 21 novembre – rappelle combien il est important de préserver la faune et la flore des mers et des océans. Seize ans plus tard, le président Barack Obama et son secrétaire d’État, John Kerry, continuent à faire de la pérennité de l’environnement une priorité de la politique étrangère des États-Unis, en rappelant les liens qui existent entre la pêche, la sécurité alimentaire, le bien-être économique et la santé des populations du monde entier. En cette journée mondiale de la pêche, sortons les pêcheries des profondeurs des océans pour les mettre au premier rang de l’attention du public.
Avec une valeur annuelle de l’ordre de près de 3 milliards de dollars, le poisson est l’une des principales exportations du continent.
En Afrique – où pour plus de 200 millions de personnes le poisson est une source cruciale de protéine – la viabilité de la pêche est une préoccupation de premier plan pour la sécurité alimentaire. Le potentiel économique est lui aussi considérable. Plus de 12 millions d’Africains travaillent dans le secteur de la pêche et de la transformation du poisson, et avec une valeur annuelle de l’ordre de près de 3 milliards de dollars, le poisson est l’une des principales exportations du continent. Les pêcheries apportent également des recettes aux budgets des pouvoirs publics, grâce aux accords de pêche et aux redevances de permis acquittées par des flottilles de pêche lointaines, ce qui contribue en outre à l’activité économique dans les ports régionaux. La protection des environnements marins ne concerne pas que les poissons — elle concerne les populations.
Malgré l’importance cruciale de cette ressource pour l’humanité, la santé et la viabilité des pêcheries du monde sont confrontées à des défis sans cesse croissants. La pêche illicite, non réglementée et non déclarée (INN) constitue un problème considérable pour l’environnement, et une forme de trafic d’espèces sauvages. Tout comme le braconnage et le trafic dont sont victimes des milliers d’éléphants en Afrique cette année alimente l’insécurité, menace des habitats jusque-là sains, mine les institutions de gouvernance et fait obstacle aux opportunités économiques pour les communautés locales, la pêche INN détériore, par sa surexploitation, de précieuses ressources marines, avec des conséquences désastreuses. L’industrie de la pêche d’Afrique de l’Ouest, l’un des plus diverses et des plus importantes au monde au plan économique, perd chaque année l’équivalent d’un milliard de dollars en pêche illicite, dégradation de l’environnement et autres défis au monde marin.
Onze pays africains ont rejoint quelque 90 pays rassemblés en juin à l’occasion de la conférence "Our Ocean" organisée à l’initiative du secrétaire d’État américain Kerry.
Les États-Unis, aux côtés de leurs partenaires africains, sont prêts à s’attaquer aux problèmes de la pêche. Onze pays africains ont rejoint quelque 90 pays rassemblés en juin à l’occasion de la conférence "Our Ocean" organisée à l’initiative du secrétaire d’État américain Kerry. La viabilité de la pêche était l’un des trois thèmes principaux de ce rassemblement, de concert avec la pollution marine et l’acidification des océans. En septembre, John Kerry s’est joint au ministre mozambicain des Affaires étrangères, Oldemiro Baloi, et au Directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Jose Graziano, pour accueillir une réunion de suivi organisée en marge de l’Assemblée générale de l’ONU pour évoquer les pratiques durables de pêche et les zones marines protégées.
Le président Obama a récemment annoncé l’expansion du Monument national marin des îles isolées du Pacifique (Pacific Remote Islands Marine National Monument) des États-Unis, pour en faire la plus vaste réserve marine sanctuarisée du monde, où aucun prélèvement n’est autorisé.
Des efforts proactifs d’une nature similaire sont en cours en Afrique. Nous tenons à féliciter le Gabon de l’annonce faite au début de ce mois-ci de la création d’un réseau de 46 000 km2 de zones marines protégées dans ses eaux territoriales. Cette mesure audacieuse est la preuve de l’engagement résolu du Gabon à la protection des habitats marins, des espèces importantes et de la subsistance des populations locales.
Les pays africains ont joué un rôle essentiel dans le développement de l’Accord sur les mesures du ressort de l’État du port (Port State Measures Agreement), un traité international qui compliquera la tâche des bateaux de pêche cherchant à débarquer des prises INN dans les ports du monde. Les États-Unis ont signé cet accord, dont la ratification est en instance au Sénat. Les Seychelles, le Gabon et le Mozambique l’ont déjà ratifié et donnent l’exemple à leurs voisins par leur action décisive à l’appui d’une industrie viable de la pêche et pour s’assurer que les pays bénéficient des poissons pris dans leurs eaux.
Source de nourriture et de revenus, et gardiens de la santé des écosystèmes marins, les poissons sont une ressource naturelle indispensable. À l’occasion de la Journée de la pêche de cette année, engageons-nous ensemble à travailler de concert pour améliorer la gestion des pêcheries, protéger les océans et préserver cette richesse marine pour les générations à venir.
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Catherine Novelli, sous-secrétaire d’État américaine pour la Croissance économique, l’Énergie et l’Environnement
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