Karim Tazi : « Dans la lutte contre la corruption, Benkirane a baissé les bras »

Patron citoyen, le marocain Karim Tazi livre à RFI et Jeune Afrique une analyse critique et pondérée de l’action politique et de la situation économique du pays, étroitement liées. Et réagit à l’attentat contre Charlie Hebdo.

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Publié le 10 janvier 2015 Lecture : 2 minutes.

« Patron rouge », « traître à la bourgeoisie », selon ses détracteurs, « engagé, généreux, pragmatique » pour ses soutiens, Karim Tazi est un patron marocain atypique, maîtrisant aussi bien l’analyse politique qu’économique, qu’il estime indissociables. L’homme d’affaires, à la tête de Richbond, groupe familial de 3000 employés, était l’invité « citoyen » de RFI et Jeune Afrique. Retrouvez cette grande interview en vidéo, et en deux parties.

Attentat contre Charlie Hebdo

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« Ceux qui sont morts sont des héros. Ce massacre interpelle la majorité silencieuse des musulmans de France, qui n’approuvent pas ce qui s’est passé mais restent dans un mutisme ambivalent qui devient insupportable. On exhibe toujours les mêmes figures, déclamant des poncifs sur l’islam, religion d’amour. Cela ne suffira pas. S’il existe une majorité de musulmans qui condamnent réellement ces actes de barbarie, elle doit le dire haut et fort. »


Karim Tazi : « Le massacre interpelle la… par Jeuneafriquetv

Le bilan économique des islamistes

« Il est bien meilleur que certains ne le pensent. Le Premier ministre Abdelilah Benkirane ne se doutait pas qu’il devrait se charger, presque à plein temps, de rétablir les équilibres macroéconomiques. Il n’avait pas idée de l’ampleur des déficits de l’État, dus notamment aux subventions sur les produits de première nécessité et à la bombe à retardement des caisses de retraite. Mais il a fait preuve d’un véritable courage politique en augmentant les prix du gazoil. Il a pu le faire grâce à sa réelle légitimité populaire. »

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Les représentants des travailleurs

« Les syndicats marocains sont aussi responsables que les partis politiques dans le complot qui s’est joué contre notre économie depuis l’Indépendance. Ils se cachent derrière un discours langue de bois, sans jamais parler du degré de gangrène corruptrice qui règne à l’intérieur de leurs instances et de la perte d’autorité de leurs directions sur les travailleurs. »

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La gouvernance

Le gouvernement Benkirane a fait preuve d’un grand courage en matière de réforme des finances publiques, mais pas sur la lutte contre la corruption institutionnalisée. Le système politique est un obstacle au développement économique car les responsables ne rendent pas de compte et que ceux qui se partagent le pouvoir défendent le système de rente. En arrivant au gouvernement, Benkirane et ses amis se sont rendus compte que démanteler ce système était une tâche énorme. Et ils ont baissé les bras. »


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L’amnistie fiscale

« On connaissait l’ampleur des avoirs à l’étranger mais on n’avait pas conscience que les Marocains adhéraient massivement à cette initiative. Il faut rendre hommage à l’initiateur de cette mesure, le directeur de l’Office des changes. Cependant, les montants rapatriés ne représentent que 15 % du patrimoine détenu illégalement à l’extérieur. »

Le déploiement subsaharien

« Mohammed VI a eu une position visionnaire. Il a fait face à un peuple désespérément et tragiquement tourné vers l’Europe. Il a réhabilité l’Afrique. »

Propos recueillis par Frédéric Maury (J.A.) et Mounia Daoudi (RFI)

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