Rwanda – Affaire Habyarimana : un témoin disparaît au Kenya
Émile Gafirita, ancien militaire de l’armée rwandaise qui doit être entendu par la justice française dans le cadre de l’affaire de l’attentat contre l’avion de l’ancien président, Juvenal Habyarimana, est porté disparu depuis le 13 novembre, au soir, à Nairobi, au Kenya.
Émile Gafirita devait témoigner dans l’enquête française sur l’attentat contre l’avion de l’ex-président rwandais Juvénal Habyarimana. Cet ancien militaire de l’armée a disparu la semaine dernière dans la nuit de jeudi à vendredi à Nairobi. Il a été menotté et emmené par des inconnus, a précisé, mercredi 19 novembre, son avocat français, François Cantier.
"La police kényane a démenti son arrestation, il a manifestement été enlevé", a expliqué l’avocat français. "Ma seule préoccupation est qu’on le laisse en vie et qu’on le libère".
"Il m’avait contacté en me disant qu’il souhaitait témoigner et j’ai pris contact avec les juges", a expliqué M. Cantier, qui a précisé que son client devait être entendu début décembre dans cette enquête. "Cet homme n’est pas un aimable fantaisiste. S’ils ont décidé de l’entendre, de rouvrir l’information, c’est qu’ils ont considéré que son témoignage était intéressant", a-t-il ajouté.
>> Pour aller plus loin : Affaire Habyarimana, chronique d’un fiasco judiciaire français
Dans cette enquête, ouverte en France car l’équipage de l’avion présidentiel était français, l’ancien juge d’instruction Jean-Louis Bruguière avait lancé neuf mandats d’arrêt contre des proches de l’actuel président rwandais Paul Kagamé, ancien chef de la rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR).
Le magistrat soupçonnait un commando du FPR de s’être infiltré à travers le dispositif des Forces armées rwandaises (FAR) pour abattre l’avion.
Sept des personnes visées ont été mises en examen entre 2008 et 2010. Le huitième, entré en dissidence, est actuellement réfugié en Afrique du Sud, tandis que le dernier serait décédé.
Une commission d’enquête rwandaise a au contraire imputé la responsabilité de l’attentat aux extrémistes "Hutu Power" des FAR, qui auraient voulu se débarrasser du président Habyarimana, jugé trop modéré, pour faciliter un coup d’État.
Les expertises techniques présentées début 2012 par les juges d’instruction, qui avaient cité comme zone de tir des missiles "la plus probable" un camp alors tenu par la garde présidentielle rwandaise.
Pour les parties civiles, ces expertises n’offrent aucune certitude sur l’identité des tireurs et des commanditaires. Les juges d’instruction ont rejeté en 2013 une demande de non-lieu faite par les mis en examen.
>> Lire aussi : Une histoire du génocide rwandais (#2), l’attentat du 6 avril 1994
(Avec AFP)
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