Maroc : les députés du PAM renoncent aux indemnités reçues pendant la période d’inactivité du Parlement
Pour se forger une image de parti citoyen, le parti d’Ilyas El Omari a décidé de restituer à l’État les indemnités perçues par ses parlementaires durant la période où ils étaient au chômage. Il veut contrecarrer les islamistes sur le terrain de la moralisation de la vie politique.
C’est sous le signe de la reddition des comptes que le Parti authenticité et modernité (PAM) a démarré son activité parlementaire. Fin janvier, il a décidé de restituer à l’État les indemnités que ses députés ont reçues pendant les trois mois où la Chambre des représentants n’était pas opérationnelle.
Depuis l’ouverture de la session parlementaire par le roi le 15 octobre et jusqu’au 16 janvier, date de l’élection effective de son président, cette Chambre était en panne faute de majorité gouvernementale. Aucune séance parlementaire n’a été tenue.
3 300 euros d’indemnité mensuelle
« Nous n’avons pas travaillé pour mériter ces indemnités. Par honnêteté, nous avons décidé de les rendre au Trésor public », explique Aziza Chagaf, députée du PAM au titre de la circonscription de Dakhla Oued Eddahab. Fin janvier, elle dit avoire reçu sur son compte bancaire un virement de 81 000 dirhams (7519 euros), équivalant à la période chômée. « Au total, les 102 députés du parti ont restitué 14 millions de dirhams (1,3 millions d’euros) », assure la parlementaire.
La Chambre des représentants compte 395 députés. Chaque parlementaire perçoit une indemnité mensuelle de 36 000 dirhams (3 300 euros), de laquelle il faut déduire différentes charges sociales et une cotisation au fonctionnement des partis politiques. À la fin du mois, chaque parlementaire touche environ 27 000 dirhams nets.
La retraite des parlementaires
Deuxième parti vainqueur des législatives, le PAM s’est rangé dans le camp de l’opposition aux islamistes du PJD et compte inscrire son mandat sous le signe de la moralisation de la scène politique. Un thème qui a fait la popularité des islamistes au pouvoir et grâce auquel le PJD s’est forgé une image de parti intègre, soucieux de la bonne utilisation des deniers publics.
« Nous allons réactiver notre projet de loi sur l’annulation des retraites des parlementaires. Il est aberrant qu’un élu de la nation continue à bénéficier de l’argent public après avoir quitté l’hémicycle », annonce un membre dirigeant du PAM.
La suppression des retraites des députés est sujette à polémique au Maroc depuis plusieurs années. Certains partis politiques ont essayé de surfer dessus pour se reconstituer une popularité en décomposition, sans arriver à trouver la bonne formule économique pour l’appliquer.
Car la réforme pose problème. Depuis les années 1980, chaque parlementaire en exercice verse une cotisation mensuelle de 2 900 dirhams (270 euros) pour sa retraite. Que faire de l’argent qui a été collecté ? Le restituer aux cotisants ? Le réinjecter dans les caisses des partis politiques? La question est d’autant plus compliquée que l’État participe aussi à cette cotisation.
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