Tunisie : la dégradation de la note souveraine accentue la pression

Après que l’agence de notation Fitch Ratings a abaissé de « BB- » à « B+ » la note souveraine d’un pays déjà en mauvaise posture, les marges de manœuvre financière de l’exécutif se réduisent au moment où le pays se relance sur les marchés financiers et où une équipe du FMI est en visite à Tunis.

Le Premier ministre tunisien, Youssef Chahed, lors de la clôture de la conférence Tunisia 2020, le 30 novembre 2016, à Tunis © Nicolas Fauqué pour JA

Le Premier ministre tunisien, Youssef Chahed, lors de la clôture de la conférence Tunisia 2020, le 30 novembre 2016, à Tunis © Nicolas Fauqué pour JA

Publié le 6 février 2017 Lecture : 2 minutes.

L’abaissement de la note souveraine de la dette de la Tunisie de « BB- » à « B+ », avec perspective stable, par l’agence de notation Fitch Ratings publiée le 3 février 2016 tombe mal à propos ; le pays doit émettre prochainement une obligation sur les marchés financiers d’un milliard d’euros et débute une tournée des investisseurs ce lundi. 

« Cette opération va coûter beaucoup plus cher faute d’accords spéciaux préalables », souligne Khaled Zribi, patron de la Bourse de Tunis. Une situation rendue d’autant plus difficile que les représentants du Front Monétaire International (FMI) sont actuellement à Tunis pour s’assurer des avancées et des réformes auxquelles s’était engagé le gouvernement conduit par Youssef Chahed.

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Dans sa notation, rendue publique vendredi, Fitch Ratings met au crédit de la Tunisie les réformes apportées par la loi bancaire et le Code des investissements. Elle étaye en revanche la dégradation de la note de la Tunisie dans un rapport sévère qui souligne l’absence de relance économique effective et l’impasse dans laquelle est le pays à l’aune d’un déficit public galopant et du lourd programme d’emprunts (environ 3 milliard de dollars) qu’il s’est fixé pour l’année.

Comment peut-on parler de perspectives économiques en l’absence de vision stratégique ?

Des contre-performances qui sont a fortiori causées par la chute du tourisme dans un contexte sécuritaire précaire, l’instabilité politique et les nombreux changements de gouvernements, ainsi que les troubles sociaux.

Dans le milieu des affaires certains taclent Youssef Chahed, le chef du gouvernement tunisien, et les mauvais signaux qu’il a lancés notamment en reculant sur le gel des augmentations salariales du secteur public.

« Comment peut-on parler de perspectives économiques en l’absence de vision stratégique ? », s’afflige un économiste qui, sous couvert d’anonymat, dénonce le peu d’intérêt pour l’économie que montre la présidence de la République. Et de se montrer encore plus vindicatif vis-à-vis de l’exécutif actuellement aux manettes : « Évidemment, la donne politique exige une représentation des partis au pouvoir au sein du gouvernement. Mais pour satisfaire les uns et les autres, on attribue des portefeuilles à des incompétents. Le ministre de l’Industrie et du Commerce [Zied Laâdheri, ndlr] accumule les bourdes, la ministre des Finances [Lamia Zribi, ndlr] n’est pas taillée pour ce poste et il manque un ministère de l’Économie. Un paradoxe quand on se souvient que Chahed avait mis la reprise de la croissance en priorité ».

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Comme lui beaucoup regrettent un manque de fermeté des dirigeants et pronostiquent un remaniement : « il faut les bonnes personnes au bon endroit mais sans faire chuter le gouvernement, cela accentuerait l’instabilité du pays à quelques mois de élections municipales de 2017 ».

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