Burkina Faso : la position surprenante du gouvernement canadien

Guy Guermeur est un homme politique français, ancien président de l’Association pour la coopération et le développement de l’Afrique australe (Acoda), et ancien vice-président de l’Assemblée Paritaire ACP-CEE.

Publié le 19 novembre 2014 Lecture : 1 minute.

Après 27 ans de pouvoir ininterrompu, il était normal, à Ouagadougou, que le départ de Blaise Compaoré ouvre une période d’incertitude dans son pays, comme dans la sous-région. Ce qui a pu surprendre les dirigeants africains et la communauté internationale, est la position du gouvernement canadien, sur la crise burkinabé.

En annonçant le 4 novembre, qu’il suspendait son aide au Burkina Faso, y compris l’aide canalisée à travers les ONG, le Canada a pris le risque d’accroître les éléments d’incertitude, en un moment où les marchés et les institutions financières se trouvent  déjà sensibilisés.

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On peut s’étonner qu’en la circonstance, la diplomatie canadienne n’ait pas apprécié à sa juste valeur la confiance de la société burkinabé, et notamment celle de ses composantes politiques, à engager un dialogue national calme et tranquille, au moment même où l’homme de la transition, le lieutenant-colonel Isaac Zida s’engageait à "remettre le pouvoir aux civils", comme l’avait indiqué le roi des Mossi, le plus influent chef traditionnel du pays.

Alors que les forces politiques, sociales, militaires et religieuses burkinabè se sont mises d’accord sur une charte de la transition, il est permis d’espérer que la démarche inattendue du gouvernement de Stephen Harper ne portera pas tort à la résolution de la crise, souhaitée par les dirigeants africains et tous les acteurs de bonne volonté dont, naturellement, la France.

La décision du Canada est d’autant plus surprenante que c’est à une diplomatie réaliste et mesurée que ce pays avait accoutumé ses amis et ses partenaires dans le monde.

Dans le moment présent, de crise économique et d’affrontements asymétriques qui fragilisent nos équilibres mondialisés, nos pays ont soif de pôles de dialogue et de soft power. Nous sommes nombreux à penser que c’est aussi cela la vocation naturelle du Canada, sur le continent africain, comme sur la terre américaine, et non une forme d’unilatéralisme décalé.

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Guy Guermeur

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