Tunisie : Slim Chiboub, le gendre de Ben Ali, placé sous mandat de dépôt et écroué
Slim Chiboub, le gendre du président tunisien déchu Zine el-Abidine Ben Ali, est arrivé en Tunisie mardi matin pour s’expliquer devant la justice de son pays. Il a finalement été écroué en attendant son jugement pour une affaire de trafic d’influence, au grand dam de ses avocats.
Mis à jour le 19/11 à 09h26.
Le jet de Slim Chiboub, le gendre du président tunisien déchu Zine el-Abidine Ben Ali, s’est posé mardi matin sur le tarmac de l’aéroport d’Enfidha. Comme il l’avait annoncé lors d’un entretien accordé en exclusivité à Jeune Afrique, Chiboub est rentré ce 18 novembre d’un exil de près de trois années aux Émirats arabes unis. N’ayant pu renouveler son passeport, périmé, il a fait le voyage sans escale depuis Abou Dhabi à bord d’un jet "qui lui a été prêté pour l’occasion".
Selon ses avocats, Chiboub tenait à arriver tôt en Tunisie pour pouvoir comparaître devant la justice. Condamné par contumace en Tunisie à six ans de prison dans deux affaires de détention d’armes, il conteste ces décisions. "Il avait formé opposition par l’intermédiaire de ses avocats à l’encontre des jugements le concernant sachant pertinemment que sa présence est une condition obligatoire requise pour la recevabilité de son recours, explique un communiqué de ses avocats. Monsieur Slim Chiboub exprime sa serénité et sa pleine confiance dans la justice tunisienne. Il s’engage à observer un devoir de réserve sur la politique en Tunisie, soucieux de ne pas interférer dans le processus démocratique actuel et saluant l’exercice de la démocratie en Tunisie", conclut le document.
Procédure express
À son arrivée, Slim Chiboub a été aussitôt conduit au palais de justice de Tunis. Rarement procédure n’aura été aussi rapidement mise en place. Le gendre de Ben Ali aurait dû d’abord être retenu par le district de Monastir avant d’être déféré avec d’autres inculpés devant le parquet de Tunis. Habituellement cette procédure prend au minimum quatre jours, mais pour Slim Chiboub, elle aura été immédiate.
Le juge Jelal Zouari l’a entendu. Mais à la surprise des avocats de l’ancien président de l’Espérance de Tunis, Fayçal Ben Jaafar et Wicem Saïdi, d’autres charges ont été retenues contre leur client. Ce dernier doit notamment répondre, devant le juge d’instruction du 12e bureau du tribunal de première instance de Tunis, d’une plainte pour menaces. Il est également suspect dans trois affaires d’abus de pouvoir ainsi que dans trois affaires de corruption, qui relèvent du pôle judiciaire et financier.
Imposant dispositif policier
Au final, "le juge d’instruction a décidé d’émettre un mandat de dépôt à l’encontre de Slim Chiboub concernant un contrat de consulting qu’il avait avec (le groupe industriel français) Alstom", a déclaré à l’AFP Me Wissem Saïdi. "Il est en route vers la prison de Mornaguia", près de Tunis, a-t-il ajouté. Le porte-parole du Parquet, Sofiène Sliti, a précisé que le gendre de Ben Ali était accusé de trafic d’influence. M. Chiboub, a en revanche bénéficié d’un non-lieu dans l’une des deux affaires liées à la détention illégale d’arme à feu et écopé de six mois dans l’autre, selon M. Sliti. "Il a dix jours pour faire appel" des six mois de prison, a dit le porte-parole du Parquet.
"C’est une déception totale", a reconnu Me Saïdi, qui avait dans la matinée indiqué qu’il réclamerait un non-lieu et la libération de son client. Mais quelle que soit la suite réservée par la justice à cette affaire, le retour de Chiboub à la veille de l’élection présidentielle a fait monter la tension d’un cran. Le palais de justice de Tunis était entouré d’un impressionnant cordon de policiers armés et le quartier placé sous haute surveillance.
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