Tunisie : Mehdi Jomâa confirme son retour sur la scène politique

Sans grande pompe ni ramdam médiatique, Mehdi Jomâa a évoqué ce dimanche à Monastir la formation d’un nouveau parti politique.

Mehdi Jomâa, en octobre 2015, à Paris, en France. © Michel Euler/AP/SIPA

Mehdi Jomâa, en octobre 2015, à Paris, en France. © Michel Euler/AP/SIPA

Publié le 6 février 2017 Lecture : 2 minutes.

« Les gens ont compris que ceux qui parlaient le plus fort étaient souvent ceux qui avaient le moins de solutions à proposer », expliquait en décembre l’ex-Chef du gouvernement dans un entretien accordé à Jeune Afrique. À cette occasion, il estimait aussi que « le divorce entre les Tunisiens et les partis politiques est réel, mais pas irréversible ».

À la tête du gouvernement entre janvier 2014 et janvier 2015, sans affiliation politique, il avait transmis le flambeau à Habib Essid en envisageant de se tourner vers le privé. Mais l’appel du pays, encore en proie à des défis sécuritaires et économiques, fut semble-t-il plus fort.

la suite après cette publicité

En pleine tournée régionale, après un passage à Tataouine puis à Sousse, Mehdi Jomâa s’est exprimé le 5 février à Monastir, devant plus de 400 personnes représentant les secteurs politique, économique et civil de la région. Des déplacements sur le terrain qu’il juge « indispensables si l’on veut comprendre les vraies attentes des gens et ne pas les trahir ».

Un nouveau mouvement politique

En marge de ce meeting à Monastir, il a confirmé à l’agence TAP sa volonté de lancer un nouveau mouvement politique fondé sur « une approche populaire et participative », avec « une vision claire pour le pays ». Objectifs : contribuer à l’amélioration des conditions de vie des Tunisiens et « consolider la place et le rayonnement de la Tunisie sur la scène régionale et internationale ».

Un projet qu’il avait déjà commencé à dévoiler un mois plus tôt à Jeune Afrique, en hésitant encore entre « un parti, au sens classique, ou […] un rassemblement ». Et en évitant toute précipitation.

la suite après cette publicité

« Ma prise de conscience remonte au mois de mai 2015, lorsque j’ai vu le pays dans l’ornière et que j’ai compris que le gouvernement actuel avançait sans cap bien défini », avait-il confié un peu plus tôt encore, en avril.

À Monastir, il a rappelé les « nombreuses compétences » dont regorge la Tunisie et qui attendent d’être exploitées. Ce qui requiert, selon lui, « l’engagement de réformes profondes, l’investissement dans le capital humain et la formation des jeunes ».

la suite après cette publicité

Une belle cote de popularité

Malgré sa discrétion, sa personnalité et son travail séduisent encore. Une popularité également renforcée par le discrédit qui frappe actuellement la classe politique du pays.

D’après le sondage annuel du cabinet Sigma Conseil, mené en janvier 2017, Mehdi Jomâa arrive en septième position des intentions de vote à la présidentielle. Et sur les trois derniers gouvernements, le sien a été jugé le plus « positif » à 79% au cours des 100 premiers jours − devant les gouvernements Chahed (52%) et Essid (40%).

En avril 2016, l’ingénieur de formation officialisait la création de son think tank « multidisciplinaire, à but non lucratif, indépendant et non partisan » appelé Tunisie Alternatives. Comprenant pas moins de huit anciens ministres de l’ancien gouvernement Jomâa, ce laboratoire d’idées vise à « doter la Tunisie d’un projet de société répondant aux aspirations de sa population et de sa jeunesse ».

Et maintenant, voici le mouvement politique qui en découle. Avec en vue, l’élection présidentielle de 2019 ? Tout porte à croire que oui, du timing de l’annonce aux valeurs énoncées. Parmi elles, une fondamentale à ses yeux : « En politique on vient pour servir l’État, non pour se servir. »

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Manifestation pour l’emploi, le 23 janvier, avenue Habib-Bourguiba, à Tunis. © RIADH DRIDI/AP/SIPA

Tunisie : à qui profite la crise ?

Contenus partenaires