Corruption : avec le « FillonGate », le retour de la « French touch »
Accusé de fraude « à la française » par les tenants de la gestion « à l’allemande », François Fillon s’est défendu « à l’américaine »… pour un résultat très incertain.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 7 février 2017 Lecture : 2 minutes.
Le pudique vainqueur de la primaire française de la droite et du centre avait des airs de Bill Clinton, ce lundi 6 février. Sans doute poussé par des spins doctors qui exigeaient quelque frémissement dans les sourcils broussailleux de l’impénétrable candidat, le très catholique François Fillon s’est auto-flagellé.
Il a présenté ses excuses, mais l’arbre de la contrition cacherait-t-il la forêt des casseroles ? Sur le fond, n’évoquant que des incompréhensions anachroniques, le candidat « traqué » n’a reconnu aucun acte délictueux, dans l’embauche de son épouse au poste d’assistante parlementaire. Le Penelope Gate made in France n’est pas (encore) le Monica Gate made in USA…
Il n’est point nécessaire, pourtant, de traverser l’Atlantique, pour recueillir un scepticisme appuyé. Pour cela, il suffit de franchir le Rhin. En Allemagne voisine, dans le camp politique au pouvoir autant que dans les milieux économiques, l’arrivée programmée de François Fillon à l’Élysée avait été saluée comme providentielle. Si le programme du présidentiable n’a pas bougé d’un iota, la presse allemande s’accorde à reconnaître que, toute polémique étant égale par ailleurs, un tel candidat, en République fédérale, aurait été forcé depuis longtemps de se retirer de la course. Des frasques sexuelles au rapport passionnel à la fortune, aucun écart supposé n’est toléré bien longtemps au pays de Angela Merkel…
Multiples frasques judiciaires
Bien entendu – et c’est sans doute ce qui constitue la goutte d’eau qui fait déborder le vase de la bienveillance allemande –, le prétendant au fauteuil de François Hollande n’est pas le seul politicien français à essuyer des tirs judiciaires.
À droite ? Nicolas Sarkozy vient juste d’être renvoyé en procès dans le cadre de l’enquête portant sur l’affaire Bygmalion et le soupçon de dépassement volontaire du plafond des dépenses, lors de la campagne présidentielle de 2012. À gauche ? L’affaire Cahuzac eut un tel retentissement au printemps 2013 qu’elle inspire un long métrage en cours d’écriture, comme vient de l’annoncer la société TS Productions.
Toujours dans la course à l’Élysée, François Fillon s’en tirera-t-il ? Rien n’est moins sûr, d’autant que de nouvelles révélations risquent de pleuvoir sur le candidat de la droite et du centre. Et la France aura de moins en moins de leçons à donner aux pays étrangers en matière de corruption…
Pour rappel, si le tout récent rapport de Transparency international sur l’indice de perception de la corruption 2016 indique que le pays le plus corrompu au monde serait la Somalie (176 sur 176), le Botswana occupe la 35e place des pays les moins corrompus. Le pays de François Fillon est tout de même 23e, celui du pudibond Bill Clinton est 18e. La fédération de l’outrée Angela Merkel est quant à elle 10e dans le classement. Cette fois, la charité peut se moquer de l’hôpital. Mais l’index reste avant tout une affaire de « perception »…
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