L’État tunisien crée une instance de lutte contre le trafic d’êtres humains
Une instance de lutte contre la traite des personnes a été inaugurée ce mercredi en Tunisie afin de lutter contre la traite des personnes, qui touche particulièrement les migrants, dans un pays considéré comme une terre de transit sur le chemin de l’Europe.
![Des migrants à Lampedusa (Italie) le 14 février 2011. Plusieurs d’entre eux sont passés par la Tunisie. © Daniele La Monaca/AP/SIPA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2017/02/08/migration.png)
Des migrants à Lampedusa (Italie) le 14 février 2011. Plusieurs d’entre eux sont passés par la Tunisie. © Daniele La Monaca/AP/SIPA
Créée à la faveur d’une loi adoptée en août 2016 par le Parlement, cette instance proscrit entre autres toute forme d’exploitation, notamment des femmes et des enfants, c’est à dire « le recrutement, le transport, le transfert, le détournement, l’hébergement ou l’accueil […] par le recours ou la menace de recours à la force ».
L’instance de lutte contre la traite des personnes doit notamment permettre de cibler « les réseaux cherchant à exploiter les enfants, les femmes et tous ceux qui sont dans une situation de fragilité, comme les migrants », a déclaré ce mercredi 8 février le ministre tunisien de la Justice, Ghazi Jribi.
Le trafic d’êtres humains prend des formes multiples en Tunisie, comme la prostitution, les services forcés, l’esclavage, la servitude ou la mendicité, le prélèvement total ou partiel d’organes.
Une cérémonie d’inauguration, qui s’est tenue ce mercredi, a permis de présenter les membres de l’instance. Sa présidente, Raoudha Laabidi, a insisté sur son importance en Tunisie, considéré comme un pays de transit pour de nombreux migrants cherchant à rejoindre l’Europe. « La Tunisie est particulièrement concernée, car la traite des personnes constitue un crime transfrontalier », a-t-elle ajouté, alors que les réseaux de passeurs profitent du chaos politique et sécuritaire en Libye voisine.
Besoin de statistiques
Raoudha Laabid a par ailleurs indiqué que le premier défi de l’instance serait de « créer une base de données et d’établir des statistiques parce qu’on ne peut pas mettre une stratégie [de lutte contre la traite des personnes] sans connaître l’étendue du phénomène ».
L’an dernier, l’Organisation internationale des migrations (OIM) avait publié une étude portant sur les cas de 57 victimes de trafic d’êtres humains, en majorité des femmes originaires d’Afrique subsaharienne. Lors d’un colloque, elle avait noté que 48 de ces victimes avaient fait l’objet de « servitude domestique ». Dans deux cas, il s’agissait « d’exploitation sexuelle ». Cinq étaient mineurs.
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