Afrique du Sud : plus de 400 soldats mobilisés pour un discours de Zuma, l’opposition crie à la tentative d’intimidation
L’armée va être déployée autour du parlement au Cap ce jeudi, à l’occasion du discours à la nation du président Jacob Zuma. L’opposition dénonce « une déclaration de guerre contre les citoyens ».
Dans un communiqué laconique, la présidence sud-africaine a annoncé mardi le déploiement de « 441 soldats (…) pour maintenir la loi et l’ordre », autour du parlement en marge du discours du chef de l’État. Une décision qui intervient alors que le pouvoir subit le feu continu des critiques de l’opposition.
L’Alliance Démocratique (DA), le principal parti d’opposition, s’est immédiatement offusquée de cette annonce, évoquant une « violation de la Constitution ». « La DA ne va pas rester sans rien faire et laisser le parlement du peuple être transformé en démonstration de force pour intimider l’opposition », note un communiqué du parti.
« Une déclaration de guerre contre les citoyens »
De son côté, le parti de gauche radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF) a qualifié le déploiement de « déclaration de guerre contre les citoyens ».
« Cela montre la nervosité avec laquelle l’ANC aborde cet événement. Le parti est de moins en moins sûr de lui et apparaît comme excessivement paranoïaque, estime l’analyste indépendant Daniel Silke, interrogé par l’AFP. Cela montre aussi la frustration croissante au sein de l’ANC après les perturbations des derniers discours. »
Depuis deux ans, l’événement est le théâtre de manifestations contre Jacob Zuma à l’extérieur du parlement, mais aussi au sein de l’assemblée elle-même. En 2015, les députés EFF avaient refusé de laisser Jacob Zuma s’exprimer et avaient été expulsés du parlement par la police. L’année suivante, les élus avaient récidivé, avant de quitter de leur propre chef l’assemblée en chantant des slogans hostiles au président. À l’extérieur du bâtiment, la police avait dispersé la foule de manifestants à coup de grenades assourdissantes.
Une série d’affaires et une déroute électorale
Ce soir, son discours devrait encore être largement perturbé par l’opposition qui réclame sa démission, après une année 2016 particulièrement délicate pour le pouvoir exécutif.
En mars, Jacob Zuma a d’abord été reconnu coupable de violation de la Constitution, en faisant payer par le Trésor public des travaux de modernisation dans sa résidence privée du KwaZulu-Natal, dans l’est du pays. Il en a depuis remboursé une petite partie, soit un demi-million d’euros.
Six mois plus tard, il est désigné comme le principal responsable de la défaite électorale de son parti, mis en minorité dans quatre des six plus grandes villes du pays. Enfin, en octobre, c’est la publication d’un rapport officiel mettant en lumière ses relations troubles avec une richissime famille d’affaires d’origine indienne, les Gupta, qui affaiblit un peu plus le président.
Croissance anémique et soupçons de corruption
Et il ne peut pas non plus compter sur la santé de l’économie sud-africaine, engluée dans une croissance molle (+ 0,4 %) et un chômage endémique (27 %).
« Vous devez savoir, qu’en tant que nation, nous n’avons plus confiance en votre leadership », a déclaré Sipho Mila Pityana, le leader de Save SA, un groupe de militants de la société civile, à la veille du discours. Vous n’avez plus la confiance du peuple, vous n’avez plus la confiance de la société civile et vous êtes de moins en moins soutenu au sein de votre propre parti. »
Jacob Zuma doit rester chef de l’État jusqu’en 2019. À moins que la réouverture de près de 800 charges de corruption dans une vieille affaire de contrat d’armement, une autre épée au-dessus de sa tête, ne vienne écourter son mandat.
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