Tunisie : en trois ans, l’aide américaine consacrée à la lutte antiterroriste a été multipliée par trois

Entre la Tunisie et les États-Unis, les relations économiques et sécuritaires ne cessent de se renforcer. Le budget américain dédié aux forces policières et militaires tunisiennes, notamment, a explosé depuis 2014.

Des soldats tunisiens devant l’ambassade américaine à Tunis, le 15 septembre 2012. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Des soldats tunisiens devant l’ambassade américaine à Tunis, le 15 septembre 2012. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Publié le 10 février 2017 Lecture : 3 minutes.

Reçu fin janvier par le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, l’ambassadeur américain en Tunisie Daniel Rubinstein a rassuré le pays sur la poursuite de la coopération bilatérale. Et ce quelques jours après la prise de fonctions du nouveau président Donald Trump.

Matériel, formations, budget… Retour en chiffres sur les relations tuniso-américaines de ces derniers mois censées, selon la loi de finances américaine 2017 concernant les opérations internationales, « soutenir la stabilité et la sécurité en Tunisie et protéger les frontières tunisiennes conformément aux normes internationales relatives aux droits de l’homme. »

  • 73,4 millions de dollars

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C’est le budget prévu par une proposition de loi « H.R. 157 », actuellement à l’étude à la Chambre des députés américaine, sur un total de 160,4 millions de dollars d’aide américaine toute au long de l’année. Cette somme de 73,4 millions de dollars comprend la lutte contre le terrorisme, le contrôle et la sécurité aux frontières ainsi que le financement et la formation du corps militaire tunisien. Soit plus de trois fois plus qu’en 2014 (environ 24 millions de dollars).

Depuis, l’attaque au musée du Bardo, à Tunis, en mars 2015, puis d’autres à Sousse (juin 2015), dans le centre-ville de Tunis (novembre 2015) et à Ben Guerdane (mars 2016) ont justifié cette importante hausse.

  • 48 jeeps, 24 aéronefs et 6 navires

En mai 2016, le ministre tunisien de la Défense, Farhat Horchani, et l’ambassadeur des États-Unis à Tunis ont annoncé l’acquisition par le pays de 48 Jeeps, d’un système de communication et de 12 avions légers de type « Maule » afin de renforcer la surveillance aux frontières tuniso-libyennes.

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Le 16 janvier 2017, l’armée tunisienne a réceptionné deux navires de l’armée américaine, dans le cadre d’un accord conclu en 2012 (leur coût n’a pas été communiqué). Il s’agit des troisième et quatrième d’un lot de six devant permettre à la Tunisie de renforcer ses capacités dans la lutte antiterroriste et la gestion de l’immigration illégale en Méditerranée. Les deux dernières doivent être livrées d’ici un an.

Deux semaines plus tard, ce sont six hélicoptères de combat américains qui ont été livrés à la Tunisie, premier lot d’une commande de 24 aéronefs, a annoncé le gouvernement. Les autres devraient être livrés en mars, a expliqué un responsable du gouvernement tunisien à l’AFP. Ces appareils sont « équipés pour fonctionner nuit et jour » et utilisés pour la « reconnaissance, la sécurisation, le soutien aérien, la surveillance et la détermination de cibles mobiles et fixes ». Ils ont la capacité de « détruire les cibles avec une grande précision », selon cette même source.

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Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il est également à souligner par exemple la coopération très poussée, ces dernières années, entre les unités spéciales de la garde nationale tunisiennes (USGN) et les Navy Seals (corps d’élite de la marine américaine), et le travail de la brigade antiterroriste tunisienne (BAT) avec l’unité d’intervention de la police américaine (SWAT).

  • 70 militaires américains pour former à l’usage des drones

À l’occasion d’une interview télévisée le 22 novembre, Béji Caïd Essebsi avait démenti l’existence d’une base militaire américaine en Tunisie, évoquée dans un article du Washington Post, sans pour autant nier l’utilisation de drones dans le cadre de missions d’entraînement des forces armées tunisiennes par « 70 militaires américains » sur place.

Et les autorités tunisiennes n’ont eu de cesse de le répéter : les drones en question, quelles que soient leurs trajectoires, servent à la surveillance et non à l’attaque. « Dans le cadre de la coopération bilatérale tuniso-américaine, nous avons acquis des drones pour former nos militaires à utiliser cette technologie et pour le contrôle de nos frontières sud-est avec la Libye, afin de détecter tout mouvement suspect », avait déclaré à l’AFP Belhassen Oueslati, le porte-parole du ministère de la Défense.

  • 21 mai 2015

Depuis cette date, Tunis est un « allié majeur non membre de l’Otan ». Ce statut, qui permet une coopération militaire renforcée, octroie aussi à la Tunisie des privilèges en matière de défense et de coopération, comme l’accès à certaines formations et à des équipements performants de recherche et de développement.

Un tournant dans les relations tuniso-américaines, appuyé quelques mois plus tard par la confirmation de la participation de la Tunisie à la coalition internationale conduite par les États-Unis pour lutter contre l’État islamique (EI) en Syrie et en Irak.

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