Le Malawi, supérette d’enfants pauvres pour Madonna ?
Luxe occidental et pauvreté africaine, diva, misère et bonne conscience : l’adoption de jumelles malawites par la chanteuse Madonna, sert-elle davantage l’image de la star que la vie des enfants déracinés ?
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 9 février 2017 Lecture : 2 minutes.
L’émotion est palpable sur les sites people friands de caprices de divas et de carnets roses. La séparation des Brangelina (Brad Pitt / Angelina Jolie) risquait de priver des fans fébriles de l’exposition médiatique de bambins exotiques, « cueillis » dans des contrées lointaines.
Mais voilà que la star américaine Madonna présente, à 58 ans, les jumelles qu’elle vient d’adopter en Afrique, quelques heures seulement après avoir reçu l’autorisation du tribunal malawite de Lilongwe. Si Angelina Jolie avait varié les teints de son bouquet d’enfants (adoptés au Cambodge, en Éthiopie, au Vietnam ou enfantés en Namibie et en France), la chanteuse fait une fixation sur le Malawi.
Elle a déjà adopté deux chérubins nés dans ce pays : David Banda en 2006, Mercy West en 2009. Et maintenant, Esther et Stella.
Grincements de dents
Il y a quelques années, l’ex-présidente du Malawi, Joyce Banda avait retiré à Madonna le statut qui la mettait à l’abri des contrôles de sécurité à l’aéroport, la qualifiant de femme « condescendante » à qui l’on avait proposé des procédures d’adoption express.
Aujourd’hui, ce sont plusieurs associations caritatives du pays qui dénoncent une démarche sensationnaliste, donnant l’impression que le Malawi est une supérette d’enfants pauvres. À l’AFP, le directeur de l’organisation Les yeux des enfants, Maxwell Matewere, déclare que Madonna « devrait avoir une approche différente, en aidant les familles démunies avec des enfants plutôt que d’adopter ».
Ouvertement outrée par des accusations de safari humain comparable aux actions de l’Arche de Zoé, la chanteuse se défend de toute logique de « prélèvement » et met en avant l’hôpital pour enfants de Blantyre qu’elle a promu avec son association, Raising Malawi.
Sur le fond, Madonna est sans doute moins préoccupée par le discours officiel des médias publics malawites que par l’interaction du réseau social Instagram où elle étale son nouveau bonheur maternel en couleurs saturées. Sur les premiers clichés des jumelles adoptées, la chanteuse déambule, en pleine nature, une fillette au bout de chaque bras. La carte postale est imparable, au moins pour son fan-club.
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