Maroc : Omar Balafrej, parlementaire 2.0

Au Maroc, l’élu de la Fédération de la gauche démocratique expérimente l’usage des réseaux sociaux pour une bonne reddition de comptes politiques. Depuis trois semaines, il s’adresse aux citoyens dans des vidéos pour leur faire part de son action dans l’hémicycle.

Omar Balafrej, alors DG du Technopark de Casablanca, le 17 décembre 2012. © Alexandre Dupeyron/JA

Omar Balafrej, alors DG du Technopark de Casablanca, le 17 décembre 2012. © Alexandre Dupeyron/JA

CRETOIS Jules

Publié le 10 février 2017 Lecture : 3 minutes.

Il est assis sur un canapé à fleurs, écharpe rouge à la François Mitterrand autour du cou. « Bonsoir, je m’appelle Omar Balafrej, je suis parlementaire et voilà la deuxième édition de la chaîne de podcast politique… » Les présentations faites, Balafrej se lance. Le quadra est le fondateur du mouvement de gauche Clarté, Ambition, Courage.

En 2015, lors des élections communales et régionales, il était élu au conseil de la capitale, Rabat, sous les couleurs de la Fédération de la gauche démocratique (FGD, coalition de gauche). Aux élections législatives d’octobre 2016,  il a été élu représentant de la circonscription Rabat-Océan dans la même ville et sous la même bannière.

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Depuis le 21 janvier, cette figure de la vie politique marocaine a mis en ligne trois vidéos d’environ cinq minutes et promet de continuer à en mettre une par semaine en ligne. 

Rendre des comptes

Il y parle de son expérience de parlementaire, des moyens mis à sa disposition – il apprécie la bibliothèque parlementaire et incite les étudiants à la visiter, mais attend toujours une réponse pour savoir s’il peut disposer d’un assistant et d’un bureau.

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Il détaille aussi les questions qu’il a posées au Parlement. « J’ai, entre autres, demandé quand le train arriverait dans la ville d’Errachidia, ou encore pourquoi on fermait les écoles dans les centres-villes alors que le but est a priori de pousser la classe moyenne à refaire confiance à l’éducation publique. »

Dans une autre vidéo, il conseille la lecture de l’ouvrage de Thomas Piketty, Le Capital au XXIème siècle, ou encore, dévoile son revenu comme élu, de 32 380 dirhams (3 024 euros).

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« Au cœur de notre campagne, il y avait les promesses de transparence et de reddition des comptes », souligne Balafrej. En effet, la Fédération de la gauche démocratique a beaucoup axé son discours autour de ce dernier engagement, un débat qui agite la société civile marocaine de manière générale.

Cette coalition de partis multiplie donc les initiatives pour maintenir un contact avec les citoyens et les électeurs. Depuis leur entrée au conseil de la ville de Rabat, Omar Balafrej et son équipe proposent aux habitants de les rencontrer dans des cafés une fois tous les deux mois pour des discussions et publient des PV de séances en ligne.

« Donc les vidéos viennent comme un outil en plus. Un moyen parmi d’autres d’être en contact, de faire le bilan… » précise l’élu, qui promet : « Les meilleures vidéos sont  à venir, avec les débats sur la loi de Finance qui vont commencer ! »

 Les réseaux sociaux en politique

Cette volonté de dialogue se couple ici à une prise de conscience, celle du rôle des réseaux sociaux et du digital dans la communication politique. « La FGD est assez active sur ce volet. Lors de la campagne électorale de 2016, malgré des moyens réduits, ils étaient très présents en ligne » remarque Kenza Farkouch, jeune analyste en social media.

« L’idée est venue assez naturellement, lors d’une réunion avec les militants » explique Balafrej. Qui ne nie pas : « On s’est un peu inspiré d’expérience étrangères. On regarde par exemple beaucoup ce que fait Podemos en Espagne en ce sens. » Pour lui, la vidéo est un moyen peu coûteux et facile pour continuer à s’adresser aux bases militantes et aux électeurs. Les bénévoles du mouvement lui ont déjà montré comment il pourra les réaliser et les mettre en ligne seul, même lors de ses déplacements, si besoin est. 

Balafrej n’est pas le seul à avoir compris le rôle des réseaux sociaux, du digital ou de la vidéo. Au Maroc, le Parti justice et développement (PJD), parti islamiste arrivé en tête des élections législatives d’octobre 2016, est très actif en ligne.

L’autre formation islamiste d’opposition, Al Adl Wal Ihsan (Interdite mais tolérée), a lancé il y a quelques années une chaîne YouTube, ChahedTV, avec un succès mitigé. Dans un autre genre, la petite association Tafra, qui ambitionne « de développer des connaissances sur les enjeux de la consolidation de l’État de droit au Maroc et de les diffuser » a réalisé une vidéo sur l’histoire du drapeau marocain. Presque 100 000 vues en un an. « Bien sûr, ce genre d’exemple local nous inspire aussi », concède Balafrej.

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