Mines : les pays africains qui attirent les professionnels et ceux qui les rebutent
La conférence Mining Indaba, qui rassemble quelque 4 500 professionnels du secteur minier, s’est achevée ce jeudi 9 février au Cap, en Afrique du Sud. L’occasion pour Jeune Afrique de faire le point sur l’attractivité des pays du continent dont le sous-sol est riche en minerais.
En vogue
Botswana
Troisième producteur de diamants au monde et État le moins corrompu du continent selon Transparency International, le Botswana reste cette année encore l’exemple africain en matière de gouvernance du secteur minier et de montée en compétences au niveau local.
Le gouvernement de Gaborone, qui bénéficie d’un grand territoire – plus grand que le Kenya –, extrêmement riche en minéraux pour une population de seulement deux millions d’habitants, a su s’appuyer sur son partenariat de long terme avec la compagnieDe Beers pour installer sur place la supervision du tri, de la taille et de la commercialisation des diamants. Et entamer une diversification dans d’autres filières minières, en particulier l’extraction de cuivre, de nickel et de charbon.
Côte d’Ivoire
Abidjan a la cote cette année à Mining Indaba. Le pays ouest-africain, qui, à la différence de son voisin ghanéen, n’a pas de longue tradition minière, a su mettre en avant l’expérience des deux principaux groupes miniers installés dans le pays : Randgold et Endeavour Mining.
Malgré les mutineries et les grèves, la Côte d’Ivoire garde la cote.
Leurs patrons respectifs, présents à la conférence, n’ont pas hésité à témoigner en sa faveur devant leurs pairs. « Le sous-sol du pays a été sous-exploré, contrairement à ses voisins, le Ghana et même le Mali et le Burkina-Faso. Or la Côte d’Ivoire détient la part la plus importante du plateau birimian ouest-africain – la zone géologique contenant les gisements d’or –, et dispose d’infrastructures logistiques cruciales qui permettent d’y installer un siège régional », a fait valoir Sébastien de Montessus, le CEO d’Endeavour Mining.
« Abidjan a le code minier le plus attractif du continent », a par ailleurs affirmé Mark Bristow, le patron et fondateur de Randgold, aussi présent au Mali, au Sénégal et en RD Congo. Reste toutefois quelques interrogations sur la stabilité politique et sociale du pays, en raison des tensions dans les casernes militaires du pays, mais aussi sur les sites miniers, après la courte grève qui a affecté la mine de Tongon de Randgold du 26 janvier au 2 février dernier.
Guinée
Même si la fin de l’année 2016 a été marquée par le retrait de Rio Tinto du méga-projet de fer du Mont Simandou, le pays est devenu particulièrement attractif du fait de ses faramineuses réserves de bauxite (dont on fait l’aluminium), représentant la moitié de celles connues dans le monde.
Or du fait du passage de la Chine a un stade du développement industriel, qui nécessite plus d’aluminium qu’auparavant (et moins de fer), le prix de la bauxite est à la hausse, et les compagnies – chinoises aussi bien qu’occidentales – sont à la recherche de permis en Guinée.
« Sous la houlette du Premier ministre Mamady Youla, issu du secteur minier [il fut patron de Guinea Alumina Corporation de 2004 à 2015] et de son ministre des Mines Abdoulaye Magassouba, présent à Mining Indaba, Conakry a amélioré son encadrement du secteur, ainsi que la logistique ferroviaire minière de la zone de bauxite près de Boké, au nord-ouest du pays », estime un professionnel présent au Cap, qui connaît bien la Guinée.
Statu quo
Madagascar
Alors que la Grande Île n’a pas accordé de nouveaux permis miniers depuis 2011, du fait de la crise politique qu’elle a traversée, l’élection en 2014 du président Hery Rajaonarimampianina a suscité les espoirs des investisseurs du secteur minier, attiré par son sous-sol riche en pierres précieuses – saphirs et rubis surtout – mais aussi en ilménite, en nickel, en fer et en terres rares.
Nous espérons terminer la révision de notre code minier en milieu d’année.
« Nous espérons terminer la révision de notre code minier en milieu d’année suite à une série d’ateliers inclusifs dans chaque province du pays, à Antananarivo avec une ratification par le parlement dans la foulée. Ce n’est qu’ensuite que nous recommencerons à attribuer de nouveaux permis miniers », a confié à Jeune Afrique le ministre chargé des Mines et du Pétrole Ying Vah Zafilahy, présent à Mining Indaba.
Il reconnaît les nombreux défis à relever pour mieux encadrer les mines artisanales et apaiser les tensions sociales autour des sites extractifs. « Ces derniers mois, il y a un regain d’intérêt pour le pays, mais il y a encore du chemin à faire sur le plan réglementaire et de la gouvernance du secteur », estime un avocat spécialisé du Cap. Pour le moment, le secteur minier ne représente encore que 2,1% du PIB malgache, mais environ 30% de ses exportations.
En baisse
RD Congo
La crise politique inquiète les investisseurs miniers. Et la nouvelle loi concernant la sous-traitance minière – obligeant les groupes miniers à recourir exclusivement à des sociétés congolaises – est pourfendue par les grands groupes présents dans le pays tels que Randgold, Ivanhoe Mines ou Glencore.
Alors que la révision du code minier – finalement abandonnée – avait suscité une levée de boucliers en 2016, cette nouvelle réglementation – inapplicable selon certains spécialistes présents à Indaba –, combinée avec l’insuffisance des infrastructures logistiques du pays, ne fait guère briller le pays auprès des professionnels rassemblés au Cap. Et ce même si les réserves du pays de cuivre, de cobalt, de coltan et de diamants sont majeures.
Le ministre des Mines, Martin Kabwelulu, en fonction 2007, n’a même pas fait le déplacement pour cette édition de Mining Indaba, alors qu’il est un habitué de cette conférence.
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