RD Congo : Fabregas ouvre le festival Amani 2017

Le festival Amani 2017 a bien démarré vendredi à Goma, dans l’est de la RDC. Sur fond d’hommage à l’un de ses bénévoles tué la veille.

Une minute de silence en hommage à Djoo Paluku, bénévole tué le 9 février 2017 à Goma, à la veille de l’ouverture du festival Amani. © Trésor Kibangula/JA

Une minute de silence en hommage à Djoo Paluku, bénévole tué le 9 février 2017 à Goma, à la veille de l’ouverture du festival Amani. © Trésor Kibangula/JA

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Publié le 11 février 2017 Lecture : 3 minutes.

La quatrième édition du festival Amani a failli être annulée. « On y a sérieusement pensé », nous confie, vendredi 10 février, Anne-Laure Van der Wielen, la responsable com’ de ce rendez-vous culturel annuel le plus attendu dans la région des Grands Lacs. La veille, un policier ivre, commis à la garde du site du festival, avait tiré sur deux bénévoles. L’un d’entre eux n’a pas survécu.

Lorsque les portes du festival s’ouvrent à 10 heures, vendredi 10 février, les esprits sont encore ailleurs. Des réunions se sont succédé depuis tôt le matin pour décider s’il fallait, ou pas, annuler la manifestation. « La réponse a été unanime : tous les amis de Djoo Paluku [le bénévole tué] nous ont dit que nous devions maintenir l’événement. En fait, c’est la seule manière de lui rendre hommage », soutient Anne-Laure Van der Wielen, qui fut elle-même une élève des cours de danses traditionnelles que dispensait la victime. Dans la foulée, la grande scène du festival a été renommée « scène Djoo Paluku ».

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La politique n’est jamais loin

Vers la fin de la matinée, l’affluence est encore timide, certains stands pas tout à fait prêts à accueillir des festivaliers. Julien Paluku, lui, est déjà dans les parages. Invité de l’émission Paroles aux auditeurs, diffusée en direct depuis le collège Mwanga, site du festival, le gouverneur du Nord-Kivu est venu répondre aux interrogations de ses administrés.

Malgré les averses, plusieurs personnes s’arrêtent pour l’écouter et lui poser des questions. L’échange tourne naturellement autour des enjeux sécuritaires dans cette province qui compte encore plusieurs groupes armés locaux et étrangers actifs. Julien Paluku en profite pour rappeler son opposition aux « amnisties votées au Parlement à Kinshasa » en faveur de groupes armés et appelle les Kivutiens à ne pas tomber dans le piège du communautarisme, lequel aggrave, selon lui, la situation sécuritaire dans la province.

Le festival Amani est apolitique, rappelle Éric de Lamotte

À quelques pas de là, des ex-enfants de la rue, pris en charge par l’Unicef à travers des ONG locales, font une démonstration de danse urbaine. Une preuve sans doute de leur réinsertion sociale. Un sujet qui pourrait intéresser des blogueurs de Habari RDC qui ont également installé leur stand au festival. Pas loin de celui de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), dont les agents sensibilisent les festivaliers au sujet de l’enrôlement sur les listes électorales en cours dans la province.

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Le même message est repris par Elvis Mutiri, l’élu de la ville de Goma, qui serre des mains dans les allées du festival, accompagné de deux autres députés, Patrick Muyaya et Juvénal Munubo. Et lorsque Éric de Lamotte croise ces hôtes de marque, l’initiateur d’Amani ne manque pas de leur glisser, avec subtilité, que « le festival est apolitique ».

Le show de Fabregas

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De loin, l’on entend déjà monter la pression. Un monde fou se rassemble devant la désormais « scène Djoo Paluku ». Fabregas s’apprête à faire son show. « Ne touche pas à mon pays ! » ose ce jeune artiste kinois entre les pas de danse « Ya Mado » et « Tengama ». Le public est conquis, les paroles de ses tubes chantées en chœur !

Des festivaliers en chaleur lors de la prestation de Fabregas à l'ouverture du festival Amani, le 10 février 2017 à Goma. © Trésor Kibangula/JA

Des festivaliers en chaleur lors de la prestation de Fabregas à l'ouverture du festival Amani, le 10 février 2017 à Goma. © Trésor Kibangula/JA

La danse "Ya Mado" de l'artiste congolais Fabregas sur la scène du festival Amani, le 10 février 2017 à Goma. © Trésor Kibangula/JA

La danse "Ya Mado" de l'artiste congolais Fabregas sur la scène du festival Amani, le 10 février 2017 à Goma. © Trésor Kibangula/JA

« Je suis venu apporter un message d’amour à mes frères et sœurs de l’Est, expliquera-t-il à la presse à la fin de sa prestation très dansante. Malgré ce qui s’est passé [dans le Kivu], ils doivent bâtir désormais leur avenir sur l’amour. Ainsi, le mal n’aura plus de place. » Allusion aux différents conflits armés qui ont secoué les Grands Lacs ces deux dernières décennies.

Une carte postale de la région que le festival Amani voudrait en effet voir beaucoup plus paisible à travers le chant et la danse. Samedi, ce sera le tour de Jean Goubald Kalala, chanteur de la rumba congolaise, de tenter de faire passer le même message via ses textes. Et après le passage de plus de 30 groupes d’artistes d’ethnies et nationalités différentes conviées à Amani 2017, le célèbre groupe kényan Sauti Sol clôturera dimanche l’événement avec ses rythmes très afro-pop.

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