Au Maroc, 6 travailleurs sur 10 n’ont aucun diplôme

Faible qualification des travailleurs, insertion difficile, violation du Code du travail… Le Haut commissariat au plan a passé le marché de l’emploi marocain au peigne fin, et les résultats sont édifiants.

Une unité d’assemblage de voitures au sein de la Somaca le  9 avril 2013 à Casablanca. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

Une unité d’assemblage de voitures au sein de la Somaca le 9 avril 2013 à Casablanca. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 13 février 2017 Lecture : 2 minutes.

C’est une étude alarmante qui découle de ces recherches et que vient de publier le Haut Commissariat au plan (HCP), samedi 11 février, sur « la qualité de l’emploi en 2016 au Maroc ». Près d’un jeune sur quatre âgé de 15 à 24 ans ne travaille pas, ne va pas à l’école et ne suit aucune formation. Cette proportion atteint 44% parmi les jeunes femmes.

Voilà qui remet en question nombre d’idées préconçues sur la bonne santé de l’économie marocaine, notamment sur son taux de chômage, considéré comme « maîtrisé ». Depuis la politique de l’austérité budgétaire, imposée par le gouvernement socialiste de Abderrahmane Youssoufi (1998-2002), ce taux oscille entre 9 et 10%. Et ça n’est pas tout.

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Emplois précaires

Selon l’étude du HCP, plus de 60% des personnes actives, dont le nombre dépasse les 10,6 millions, n’ont aucun diplôme. Cette part de la population travaille essentiellement dans l’agriculture, la forêt et la pêche − elle occupe 82,7% des emplois du secteur −, un domaine qui a toujours été au cœur de l’économie marocaine mais qui est aussi connu pour faire appel à des travailleurs saisonniers.

Il est suivi par le BTP, autre abonné au travail saisonnier, qui  fournit des emplois à 64,9% des actifs non diplômés.

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Autre réalité inquiétante révélée par cette étude : sur les 10,6 millions d’actifs occupés au Maroc, plus de 2,1 millions exercent un emploi non rémunéré. L’étude du HCP ne dit pas comment ils font pour vivre, ni quel type de travail ils exercent. Si les chiffres sont choquants, ils ne sont pas accompagnés de commentaires qui permettent d’expliquer les raisons de ces dysfonctionnements et de mieux cerner la réalité du marché de l’emploi.

Dans l’étude du HCP, on retiendra aussi que quatre actifs sur dix (4,3 millions de personnes) travaillent plus de 48 heures par semaine au niveau national. Un peu moins de la moitié sont des citadins.

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Travail au noir

Depuis 2000, le Maroc ne cesse de brandir sa volonté de promouvoir l’emploi des jeunes. Mais la désorganisation qui règne dans certains secteurs de l’économie marocaine, la défaillance de l’enseignement public et l’abandon scolaire ne l’aident pas.

Ainsi, près des deux tiers des salariés marocains, évalués à plus de 3 millions, ne disposent pas de contrat qui formalise leur relation avec leur employeur − ils sont 716 000 dans ce cas, dans le secteur du BTP −. Une réalité inquiétante, dans un pays où le travail non déclaré continue à sévir malgré les campagnes de redressement menées par le gouvernement auprès des entreprises.

Au manque de transparence des patrons d’entreprise, s’ajoute la quasi-absence d’encadrement syndical et professionnel. La majorité des salariés ne sont pas affiliés à une organisation syndicale ou professionnelle, révèle l’étude du HCP. Ce qui ne permet pas aux employés de protéger leurs droits et d’améliorer leurs conditions de travail.

Insatisfaction 

La conséquence inévitable de cette précarité est que près d’un actif occupé sur cinq n’est pas satisfait de son emploi et exprime le désir d’en changer, conclut l’étude.

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