Nouvelle vague de violences intercommunautaires meurtrières dans le centre du Mali

Déclenchés le week-end dernier par l’assassinat d’un commerçant bambara, des affrontements intercommunautaires entre Peuls et Bambaras auraient fait au moins une vingtaine de morts dans la région du Macina.

Des bergers peuls à Niamana Garbal, l’immense marché au bétail à l’entrée de Bamako, le 1er juin 2016. © Emmanuel Daou Bakary pour J.A.

Des bergers peuls à Niamana Garbal, l’immense marché au bétail à l’entrée de Bamako, le 1er juin 2016. © Emmanuel Daou Bakary pour J.A.

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Publié le 14 février 2017 Lecture : 2 minutes.

Le bilan serait plus lourd que celui annoncé par les autorités maliennes, qui avaient précédemment fait état de 13 personnes tuées. Selon différentes sources locales, des violences intercommunautaires entre Peuls (traditionnellement éleveurs) et Bambaras (en majorité agriculteurs) dans la région du Macina, dans le centre du Mali, auraient fait au moins une vingtaine de morts depuis le week-end du 11 février.

Tout serait parti de l’assassinat de Cheickna Traoré, un commerçant bambara, le 11 février, dans son village situé près de Ké Macina. Des Peuls auraient alors rapidement été pointés du doigt. Dès le lendemain, des Dozos, des chasseurs traditionnels bambaras, auraient mené des raids de représailles et incendié des cases dans plusieurs hameaux autour de Ké Macina, dont Niona et Diawaribougou, entraînant une riposte de certains Peuls.

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Une « escalade de la violence »

« Il y a eu une escalade de la violence dans plusieurs villages de la région », déplore Baba Alfa Umar, président de l’association peule Kisal. Selon lui, le bilan de ces affrontements s’élèverait même à une cinquantaine de morts depuis samedi.

Une unité de l’armée malienne a été envoyée lundi 13 février dans la région pour tenter de ramener le calme. « Il y a eu une accalmie, mais il reste toujours quelques foyers de tensions ici et là », expliquait ce mardi soir un officier, qui se refusait à fournir un bilan humain précis.

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Des pourparlers entres élus et responsables locaux sont également en cours pour tenter d’apaiser la situation sur place.

Des affrontements réguliers

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Les violences intercommunautaires entre Bambaras et Peuls sont récurrentes, et souvent meurtrières, dans cette région centrale du Mali. Les Peuls y sont soupçonnés de collusion avec les groupes jihadistes depuis l’émergence, début 2015, d’un mouvement terroriste local fondé par le prédicateur radical peul Amadou Koufa, originaire du Macina.

De leur côté, certains Peuls dénoncent régulièrement les vexations que leur font subir les forces de sécurité maliennes. « La confiance est rompue entre la population et l’armée, qui se témoignent une méfiance réciproque », explique une source locale.

Opération anti-terroriste à Dialloubé

Le 10 février, des militaires maliens ont par exemple mené une importante opération anti-terroriste à Dialloubé, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Mopti. Ce village est considéré comme une des bases arrières des hommes d’Amadou Koufa, celui-ci ayant autrefois l’habitude de venir y prêcher.

Une personne a été tuée et dix-sept autres arrêtées, en grande majorité issues de la communauté peule. Cette intervention musclée de l’armée, qui a fouillé les mosquées du village, a une nouvelle fois suscité les critiques des habitants, certains affirmant avoir été tabassés ou même volés par des soldats.  

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