Algérie : le front de l’opposition se fissure à l’approche des élections législatives

L’union des partis d’opposition, appelée Icso, s’est divisée hier entre ceux qui veulent participer aux prochaines législatives et ceux qui les boycottent. Un premier pas vers la dissolution ?

Le site de l’Assemblée populaire nationale, en Algérie en 2012. (illustration) © Magharebia/CC/Wikimedia Commons

Le site de l’Assemblée populaire nationale, en Algérie en 2012. (illustration) © Magharebia/CC/Wikimedia Commons

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 16 février 2017 Lecture : 2 minutes.

Créée en juin 2014, au lendemain de l’élection présidentielle qui a porté Bouteflika au pouvoir pour un quatrième mandat, l’Instance de concertation et de suivi de l’opposition (Icso) n’en finit pas d’afficher ses divergences internes.

Mercredi 15 février, les membres du clan du boycott des élections législatives du 4 mai se sont réunis à Zéralda, pour proclamer leur désaccord avec les membres de l’opposition désireux de participer au scrutin. « Nous ne voulons pas que l’ICSO serve de façade à ceux parmi nous qui veulent jouer le jeu du pouvoir, reniant ainsi les fondements de notre union », explique à Jeune Afrique Soufiane Djilali, président du parti « Jil Jadid » (Nouvelle génération).

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Une union caduque  

En 2014, l’Icso, qui regroupe une douzaine de partis d’opposition en plus de quelques personnalités de la société civile, avait demandé au pouvoir d’engager un dialogue transparent pour « des réformes réelles et profondes » en Algérie. Elle avait aussi exigé la création d’une commission indépendante de supervision des élections et l’organisation d’une présidentielle anticipée afin de pallier « la vacance du pouvoir ». 

« Même si rien n’a changé en Algérie, certains de nos collègues ont annoncé leur intention de se présenter à ces élections biaisées d’avance. Ils ont dealé avec le pouvoir dans cet objectif », accuse Soufiane Djilali.

Début janvier, les partis islamistes qui font partie de l’Icso sont entrés dans une dynamique d’alliances afin de peser dans les prochaines élections. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP, représenté au Parlement) et le Front du changement (FC), parti dissident du premier, ont annoncé leur alliance électorale en vue d’une prochaine fusion. Ils ont emboîté le pas à trois autres partis islamistes qui ont décidé, un mois avant, de faire chambre commune :  le Front pour la justice et le développement (FJD) de Abdallah Djaballah, le mouvement Ennahda que ce même Djaballah avait fondé dans les années 1990 avant d’en être exclu, et le parti Al Binaa.

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Le clan du boycott

Le parti Talaie El Houriat de Ali Benflis, membre de l’Icso, a annoncé qu’il ne participerait pas aux prochaines législatives. Mais son nom ne figure pas dans la liste des signataires du communiqué ayant sanctionné les travaux de la réunion du clan du boycott d’hier.

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Intitulé « Les fidèles à la plateforme de Mazafran [non de l’hôtel où elle a été signée, ndlr] », ce communiqué affirme que les prochaines élections sont « en totale contradiction avec le sens et les objectifs de la plateforme de l’Union qui s’inscrivent dans la continuité et ne peuvent être sujets à marchandage ».

Il est signé par douze hommes politiques et représentants de la société civile, dont Soufiane Djilali, le président de Jil Jadid, Ali Benouari, président de Nida El Watan (parti non agrée), Karim Tabbou, fondateur de l’Union démocratique et sociale (non agréé aussi) ou encore Amar Khebaba, député démissionnaire du parti Al-Adala.

Les signataires de ce communiqué estiment que l’Icso a atteint ses limites et qu’elle est « politiquement enterrée ».

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