Salon de coiffure « afro » à Paris : les coiffeuses du « 57 » en sursis
Des salariés, en majorité des femmes, occupent depuis mai leur ancien salon de coiffure « afro » situé au 57 boulevard de Strasbourg, à Paris (métro Château d’eau), pour protester contre la précarité de leur situation. Jeudi, la justice a renoncé à prononcer leur exclusion. Pour l’instant.
Les coiffeuses du 57 boulevard de Strasbourg, à Paris, en grève depuis mai 2014, viennent de marquer un point contre le propriétaire des lieux qui souhaite leur expulsion. Dans ce quartier où se concentrent les salons de coiffure "afro", les salariés se sont réunis, le 6 novembre, dans les locaux qu’ils peuvent désormais continuer à occuper. "La magistrate du Tribunal de grande instance de Paris a jugé qu’il n’y avait pas lieu à référé, c’est-à-dire qu’elle n’était pas compétente sur le plan procédural pour accéder à cette demande", explique l’avocate en charge du dossier, Alice Chanu.
Fatou, 42 ans, se réjouit de cette nouvelle étape dans leur combat, aux allures du pot de terre contre le pot de fer. "Sans contrats, sans vrais horaires, avec des retards de salaire… Certains d’entre nous sont sans-papiers : on a commencé à occuper l’entreprise pour protester" contre la précarité de cette situation, souligne la coiffeuse, originaire de Côte d’Ivoire. "Grâce à notre mobilisation et à la pression de la CGT (syndicat), le gérant a dû nous faire un contrat et des fiches de paye".
En juin, ce dernier menace de fermer le salon, mis en liquidation judiciaire en juillet ; le propriétaire des murs le remplace dans la procédure et demande l’expulsion des ex-salariés. En août, la CGT dépose une plainte collective au pénal pour "faillite frauduleuse", "abus de vulnérabilité", "travail dissimulé" et "traite des êtres humains", appuyée par les plaintes individuelles des occupants.
"Les 18 du 57 Boulevard de Strasbourg", signé du Collectif des Cinéastes pour les sans-papiers :
Système "mafieux"
Ceux-ci souhaitent être soumis au droit du travail comme n’importe quel salarié. "Dans leur cas, la question de l’obtention des papiers est une revendication salariale, car sans titre de séjour, impossible de travailler", explique l’avocate. En vertu de "l’article L316-1 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile", la régularisation de ces travailleurs sans-papiers aurait pu déjà avoir lieu. "Il y a un manque de la volonté politique", glisse l’avocate.
Les grévistes, comme Fatou, prennent de véritables risques, y compris pour leurs vies : "Les patrons des salons alentours nous menacent. Notre action les force à déclarer leurs employés et à payer des charges. Nous dénonçons leur business et ça leur déplaît." Ceux-ci redoutent que tout le système, qualifié par Me Chanu de "mafieux", ne s’effondre.
Mais les coiffeuses reçoivent aussi du soutien, moral comme financier, venant de partis politiques, d’associations, de personnalités du monde du cinéma et d’habitants du quartier. Et le 57 bd de Strasbourg reste, pour le moment, le QG de leurs revendications.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Au Mali, le Premier ministre Choguel Maïga limogé après ses propos critiques contr...
- CAF : entre Patrice Motsepe et New World TV, un bras de fer à plusieurs millions d...
- Lutte antiterroriste en Côte d’Ivoire : avec qui Alassane Ouattara a-t-il passé de...
- Au Nigeria, la famille du tycoon Mohammed Indimi se déchire pour quelques centaine...
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?