Maroc : les premières motardes de la police entrent en action

La première promotion de policières motardes du Maroc vient tout juste de prendre ses fonctions dans les grandes villes du royaume. Les 21 jeunes femmes ont pour mission de traquer les chauffards et les délinquants.

Les brigadières à l’Institut royal de police de Kénitra, le 19 septembre 2014. © Guillaume Molé/J.A.

Les brigadières à l’Institut royal de police de Kénitra, le 19 septembre 2014. © Guillaume Molé/J.A.

Publié le 7 novembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Si vous vous rendez dans les prochains jours à Casablanca, Marrakech, Fès, Rabat ou Agadir, vous apercevrez sans doute ces jeunes femmes, en chemises bleu ciel, pantalons bleu marine rentrés dans des bottes noires, casques blancs vissés sur le crâne, juchées sur de grosses motos portant sur leurs plaques d’immatriculation la lettre "chiin", pour "chorta" ("police" en arabe). Ce sont les jeunes lauréates de la première promotion de motardes des forces de l’ordre, qui ont choisi leur spécialisation à l’Institut royal de police de Kénitra. Et elles ne sont pas peu fières de leurs engins.

"Depuis que je suis toute petite, j’aime la mécanique, mais particulièrement les deux roues. Des vélos aux motos, j’ai toujours été fascinée par ce qui roule", explique Nawal, "25" comme l’appelle son instructeur, Mohamed, en référence au numéro de son dossard durant les entraînements. Comment la population locale a-t-elle réagi à la vue de policières à motos ? Les jeunes femmes expliquent que les gens sont curieux mais rarement agressifs. "C’est davantage ma famille qui était inquiète au début", explique Kawtar Aka, alias "40". "Mes parents avaient peur que je me blesse, soit en chutant, soit en réparant la moto ; pour eux ce métier comporte des risques qu’ils ne voulaient pas me voir prendre."

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Saut, escorte, poursuite, voltige…

Les préjugés ont la vie dure dans un pays comme le Maroc, où l’on associe encore trop peu les femmes aux métiers "physiques". Et pourtant… "Je suis très fière de ma promotion, c’est vrai que c’était un sacré challenge au début. Pourtant, non seulement on a eu exactement la même formation que les hommes, mais en plus on est meilleures qu’eux", s’enthousiasme Nawal. Si leur homologue masculins manient leurs motos avec plus de dextérité, les femmes elles, s’en tirent mieux au code de la route et maîtrisent mieux les textes de loi.

Les femmes sont capables de conduire leurs motos exactement comme les hommes. Sur le plan de la formation, elles font même mieux qu’eux !

Ali Amhaouch, Directeur de l’Institut royal de police

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"Les femmes sont capables de conduire leurs motos exactement comme les hommes. Sur le plan de la formation, elles font même mieux qu’eux ! Elles sont plus sérieuses et plus disciplinées", confirme Ali Amhaouch qui veille au bon fonctionnement de l’Institut depuis 2000, date à laquelle il en a été nommé directeur.

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Celles qui ont commencé à s’entraîner sur des Honda 125 c3 et des 250 c3 sont vite passées aux modèles supérieurs : des BMW 650 c3 et 1200 c3, des engins pouvant peser plus de 200 kilos. Unanimes, elles préfèrent toutes la 1200 – la plus puissante, évidemment… Et à les voir défiler durant leurs exercices pratiques, de sauts d’obstacles en escortes de véhicules, en passant par les courses-poursuites ou les exercices de voltige, on ne peut que constater qu’elles sont toutes passées totalement maîtres de leurs deux-roues.

Une police en mutation

Ce qu’elles aiment dans leur métier ? Le fait de représenter l’autorité, la puissance de la loi, bien-sûr. Mais aussi d’être des femmes à assumer ce rôle. "J’espère que nous pourrons changer l’image de la femme dans notre pays", commente timidement une des jeunes policières, alors qu’elles sont toutes assises dans leur classe, leurs casques posés devant elles sur la table. Une fois leur instructeur sorti de la classe, elles s’autorisent à des commentaires plus critiques, regrettant qu’il ait fallu attendre aussi longtemps pour que la spécialisation moto leur soit ouverte. "Je voulais entrer dans la police avant même de savoir que la spécialisation moto me serait accessible mais dès que j’ai eu l’information, je me suis immédiatement proposée", raconte Nawal du haut de son mètre quatre-vingt.

C’est en effet à l’initiative du directeur général de la Sécurité nationale, Bouchaib Rmail que la spécialisation moto a été ouverte aux femmes en 2014. Mais c’est à son prédécesseur, Hafid Benhachem, que l’on doit l’entrée des femmes dans la police du royaume en 2001. "Cette décision s’inscrit dans la politique d’ouverture menée à travers la mise en place du statut particulier des fonctionnaires de la police nationale qui prévoit l’égalité d’accès aux postes et aux grades entre femmes et hommes", explique Amhaouch.

Le discours en vogue à l’Institut explique donc que la société marocaine ayant changée, il est normal que la police soit le reflet de ces évolutions. En attendant, loin de ces préoccupations politiques, les jeunes femmes, elles, n’ont qu’une envie tête : avaler le bitume et faire respecter la loi, comme les hommes !

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