RDC : pas de poursuites pour « crimes » contre les militaires inculpés après la vidéo du massacre dans le Kasaï

Les poursuites annoncées samedi par Kinshasa contre deux soldats, après la publication d’une vidéo mettant en cause l’armée congolaise dans un massacre de civils dans le Kasaï, ne portent pas sur des « crimes », a annoncé lundi le gouvernement.

Des soldats congolais à Kitumba (RDC), en 2013. © Joseph Kay/AP/SIPA

Des soldats congolais à Kitumba (RDC), en 2013. © Joseph Kay/AP/SIPA

Publié le 20 février 2017 Lecture : 2 minutes.

« Il ne s’agit nullement de poursuites pour crimes de guerre ou crimes contre l’humanité », a précisé le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, à l’AFP, qualifiant de « grossier montage » la vidéo diffusée ces derniers jours sur les réseaux sociaux « pour accuser faussement les FARDC » (Forces armées de la RDC).

« Un major et un sous-officier sont poursuivis devant la Cour supérieure militaire de Mbuji-Mayi, pour des faits de violations des consignes, et pour extorsion des biens des civils lors d’une opération militaire à Mwanza Lomba », a-t-il ajouté.

la suite après cette publicité

Samedi 18 février, après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo non authentifiée mettant en cause l’armée dans un massacre de civils au Kasaï, le gouvernement avait reconnu que des soldats congolais avaient pu commettre des « excès » en réprimant la rébellion Kamwina Nsapu, qui déstabilise cette région du centre du pays depuis septembre. Tout en évoquant, là encore, un « montage », les autorités avaient annoncé par voie de communiqué qu’un officier et un sous-officier répondaient « d’ores et déjà devant la justice militaire » de ces « excès » ou « abus », sans préciser devant quelle juridiction, ni les charges retenues contre eux.

La France et les États-Unis demandent une enquête

La France a par ailleurs demandé ce lundi 20 février au gouvernement congolais de faire « au plus vite la lumière » sur la vidéo en question. « Nous exhortons les autorités congolaises […] à identifier les responsables, qui devront répondre de leurs actes », détaille le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Romain Nadal, dans un communiqué.

La veille, le département d’État américain avait également appelé le gouvernement congolais à « lancer une enquête immédiate et complète, en collaboration avec les organisations internationales chargées de veiller au respect des droits de l’Homme » afin de faire la lumière sur les suspicions de « graves violations des droits de l’Homme ».

la suite après cette publicité

Au moins 20 morts dans le Kasaï oriental

D’une durée de plus de sept minutes, la vidéo semble avoir été tournée à l’aide d’un téléphone portable par un membre d’un groupe de huit soldats en treillis parlant lingala et swahili. Elle montre le petit détachement ouvrir un feu nourri sur un groupe de personnes à quelques dizaines de mètres, chantant en tshiluba (langue parlée dans le Kasaï) « Notre terre, notre terre ».

la suite après cette publicité

Les hommes en uniforme achèvent ensuite leurs victimes, parmi lesquelles trois femmes, et insultent les cadavres en se vantant que les « FARDC [sont] toujours au rendez-vous », tout en localisant la scène dans le village de Mwanza Lomba, dans le Kasaï oriental. La vidéo montre pas moins de vingt cadavres.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Le pape appelle à la fin des violences en RD Congo

Contenus partenaires