Tunisie : un Code des libertés individuelles, le (pas si) nouveau projet de Béji Caïd Essebsi
Un Code des libertés individuelles : cette proposition constitue, avec l’abrogation de la fameuse loi 52, la mesure-phare révélée dimanche 19 février par le président tunisien Béji Caïd Essebsi au cours de son interview télévisée sur la chaîne Nessma.
Ce code vise à toiletter et harmoniser une législation tunisienne qui regorge d’anachronismes et de dispositions liberticides remontant parfois aux temps du Protectorat français (1881-1955).
L’opération est habile, car elle permet à Béji Caïd Essebsi de « cocher plusieurs cases en même temps » : il répond aux attentes de son électorat progressiste, dissipe en partie le malaise créé par son alliance avec les islamo-conservateurs d’Ennahdha, et envoie un signal en direction de la jeunesse.
Une fausse surprise
L’annonce a surpris, car le secret était bien gardé. Mais l’idée dévoilée dimanche sur la chaîne Nessma TV est en réalité le fruit d’une réflexion de longue date. Le chef de l’État et son directeur de cabinet, Selim Azzabi, travaillent en effet à la question depuis un an.
Jeune Afrique, dans un article paru le 28 février 2016, avait été le premier à évoquer cette éventualité. À l’époque, le chef de l’État tunisien, qui venait de se séparer de Ridha Belhaj, voulait reprendre la main et clore la désastreuse séquence du congrès raté de Nidaa Tounes. Il envisageait une annonce le 20 mars 2016.
L’attaque djihadiste sur la ville de Ben Guerdane, le 7 mars, la dégradation des rapports entre le président et Habib Essid, l’ancien chef de gouvernement, la séquence du remaniement et la nomination de Youssef Chahed en lieu et place de Habib Essid ont forcé Béji Caïd Essebsi à différer momentanément son projet de Code des libertés individuelles. Pour le ressortir au bon moment.
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