Turquie : des pleins pouvoirs à la police ?

En turquie une loi donnant les pleins pouvoirs à la police pourrait têtre adoptée. Une situation qui inquiète la société civile, plus d’un an après les violentes manifestations dans le pays.

La police turque en juin 2014 à Ankara. © AFP

La police turque en juin 2014 à Ankara. © AFP

Publié le 6 novembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Mi-octobre, alors que leurs frères de Syrie se battaient contre les jihadistes de l’État islamique (EI) à Kobanê, les Kurdes de Turquie ont protesté contre l’inertie de leur gouvernement, qui refusait alors de laisser passer armes et combattants de l’autre côté de la frontière. Des affrontements les opposant parfois à des partisans de l’EI ont fait 42 morts. C’est dans ce contexte qu’Ahmet Davutoglu, le Premier ministre turc, a annoncé la prochaine adoption d’une loi sur la sécurité octroyant des pouvoirs élargis aux policiers.

Ceux-ci pourront rechercher les manifestants à leur domicile, sans qu’il soit besoin de "preuves concrètes" pour justifier une telle intrusion. "Les appels à la violence" (ou du moins définis comme tels) diffusés sur les réseaux sociaux seront considérés comme un crime. Les autorités pourront plus facilement mettre les suspects sur écoute. Et les manifestants masqués (beaucoup portent des masques pour se protéger des gaz lacrymogène) seront plus sévèrement punis.

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"Il s’agit de mesures de prévention, nullement destinées à faire pression sur les gens et à restreindre leurs libertés", explique Numan Kurtulmus, le vice-Premier ministre. "Cette loi est conforme aux normes de l’Union européenne", renchérit Bülent Arinç, son alter ego au gouvernement. Les opposants, eux, s’inquiètent. "Dans les pays européens, il existe des recours judiciaires contre l’administration permettant, même a posteriori, d’assurer le respect des droits et libertés lorsqu’ils ont été violés. En Turquie, au contraire, il y a de moins en moins moyen de résister à ces violations", déplore Kerem Önen, du Collectif Taksim, à Paris.

Ainsi, le régime de la garde-à-vue change. Il était de 24 heures sur mandat du procureur, extensible à 48 heures sur autorisation du juge. Désormais, la police pourra agir de son propre chef pendant 24 heures en en informant simplement le procureur, qui pourra prolonger sa durée à 48 heures. "Le gouvernement cite le cas de la France. Mais, en France, les avocats peuvent, sauf exception, intervenir pour contrôler les conditions de la garde-à-vue ; alors qu’en Turquie, les avocats se heurtent aux plus grandes difficultés ne serait-ce que pour s’informer de l’état de leur client", précise Kerem Önen. Autre exemple : "Les cocktails Molotov ne seront plus considérés comme des armes incendiaires mais comme des armes d’assaut, ce qui autorisera les forces de l’ordre à utiliser des armes à feu".

 

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