Cemac : comment Sassou Nguesso a tenté de prolonger le bail de Pierre Moussa

Lors de la rencontre des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (Cemac), à Djibloho en Guinée équatoriale vendredi 17 février, le renouvellement de la Présidence de la commission et de la direction générale de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale ont fait l’objet de longs pourparlers. Récit.

Pierre Moussa (Congo – Brazzaville), président de la Commission de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC). Dans son bureau à Bangui (RCA), le 12 mars 2013. © Photo de Vincent Fournier/Jeune Afrique

Pierre Moussa (Congo – Brazzaville), président de la Commission de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC). Dans son bureau à Bangui (RCA), le 12 mars 2013. © Photo de Vincent Fournier/Jeune Afrique

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Publié le 21 février 2017 Lecture : 2 minutes.

Président de la commission de la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (Cemac) depuis juillet 2012, le Congolais Pierre Moussa souhaitait effectuer un deuxième mandat. « Nous n’avons pas pu travailler à cause de l’instabilité » en Centrafrique. En effet, la présidence était « errante ».

Ayant fui Bangui au plus fort de la guerre civile, les fonctionnaires communautaires ont d’abord posé leurs valises à Libreville au Gabon, avant que la Guinée équatoriale ne leur accorde finalement l’asile. Le président congolais, Denis Sassou Nguesso, a donc tenté d’obtenir le maintien de son compatriote.

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Mais le Gabon n’avait aucune intention de passer son tour dans la rotation alphabétique. « Pas question », s’est opposé le Premier ministre gabonais, Emmanuel Issoze Ngondet, qui représentait Ali Bongo Ondimba, empêché. « Nous avons notre candidat », a ajouté Issoze. Le Gabon a donc proposé Daniel Ona Ondo, Premier ministre jusqu’en septembre dernier, cet ancien recteur de l’Université Omar-Bongo (UOB) de Libreville prendra ses fonctions en août prochain.

Et la Banque de développement des États de l’Afrique centrale échappe au Cameroun

Par la voix de son Premier ministre, Philémon Yang, Yaoundé a tenté de disputer la direction générale de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) promise depuis plusieurs mois déjà à l’Équato-guinéen Fortunato Ofa Mbo, finalement nommé président de la BDEAC à l’issue du sommet.

Yang a invoqué le principe de rotation alphabétique qui voudrait qu’un Camerounais succède au Tchadien Abbas Mahamat Tolli, promu gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale.

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Mais la Guinée équatoriale ne s’est pas laissée faire. Il faut dire que Malabo avait déjà passé son tour en mai 2015, à la fin du mandat du Gabonais Michaël Adandé.

L’Équato-guinéen Lucas Abaga Nchama étant gouverneur de la BEAC, Malabo avait été invité à attendre la fin de son mandat, car les règles de la Cemac excluent que les ressortissants d’un même pays puissent diriger en même temps la BEAC et la BDEAC.

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Mais la nomination d’Abbas Mahamat Tolli a la BEAC, dont il devait prendre la direction en janvier 2017 à la place d’Abaga, a remis en jeu la présidence de la BDEAC, que la Guinée équatoriale ne veut pas laisser filer. Aucun texte ne prévoyant ce qu’il faut faire dans ce cas, il revient aux chefs d’États d’en décider. Paul Biya étant absent, le Cameroun a été invité à attendre son tour.

La Libre circulation autorisée mais…

Pour que la mesure de libre circulation des ressortissants dans les pays de la Cemac soit effective, il faut équiper les postes-frontières de lecteurs permettant de consulter les passeports biométriques. Cet équipement n’est pas encore disponible notamment sur les frontières terrestres.

Tant pis, Ali Bongo Ondimba a voulu donner un signal fort et insister sur l’urgence d’ouvrir les frontières. C’était la principale mission de son Premier ministre. Emmanuel Issoze Ngondet s’est rendu au sommet de Djibloho, avec cette décision unilatérale gabonaise à laquelle le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo s’est rallié un peu à contrecœur. Les deux pays étaient les seuls qui refusaient de supprimer les visas à leurs frontières pour les ressortissants de la Cemac.

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