Soudan : une journaliste accusée d’apostasie pour un éditorial sur la politique de santé publique

Une journaliste soudanaise du quotidien « Al-Tayyar » est accusée d’apostasie par les islamistes après avoir écrit un éditorial sur les réductions des dépenses nationales de santé. Une accusation passible de la peine de mort au Soudan.

Un homme en train de lire le journal des les rues de Khartoum, en 2015. © Mosa’ab Elshamy/AP/SIPA

Un homme en train de lire le journal des les rues de Khartoum, en 2015. © Mosa’ab Elshamy/AP/SIPA

Publié le 22 février 2017 Lecture : 1 minute.

« Levez-vous pour protéger votre religion. Devenez furieux pour votre loi et votre Seigneur », s’est exclamé Mohamed Ali al-Gazouli, un imam connu pour ses affinités avec Al-Qaida, lors de son prêche de vendredi dernier. L’objet de son courroux : un éditorial signé le 2 février 2017 par la journaliste Shamael al-Nur dans les colonnes du journal indépendant Al-Tayyar.

Dans cet article intitulé La Manie de la vertu, elle dénonce « l’obsession des régimes islamiques pour les questions de vertu, d’habillement des femmes et d’apparences, plus que pour les questions de santé et d’éducation ». D’après elle, « il est facile de couper les dépenses de santé, mais bien plus difficile pour le ministère de la Santé de distribuer des préservatifs ».

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Une campagne contre Shamael al-Nur

Un écrit qui lui vaut aujourd’hui une série de menaces et d’attaques de la part des islamistes radicaux. Lors de son prêche, Mohamed Ali al-Gazouli a menacé de porter l’affaire devant les tribunaux, afin de déterminer si ses écrits relèvent ou non de l’apostasie.

Cette accusation est passible de la peine capitale au Soudan, où la loi islamique est en vigueur depuis 1983.

L’imam a poursuivi ses attaques dans le journal Al-Siha, dont le propriétaire n’est autre qu’Al-Tayeb Mustafa, l’oncle du président Omar el-Béchir. Lui-même s’est fendu d’un article, où il vitupérait contre « les vers de terre » accusés de corrompre les valeurs du pays.

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La journaliste Shamael al-Nur a réagi en portant plainte contre Mustafa, pour incitation à la haine et à la radicalisation. De son côté, l’ONG Reporters sans frontières appelle dans un communiqué les autorités soudanaises à « prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la journaliste et l’équipe du journal Al-Tayyar et à condamner ces appels à la haine et à la violence ».

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