RDC : un an après la défaite, que sont devenus les chefs rebelles du M23 ?

Un an exactement après leur défaite militaire, les chefs rebelles du M23 réclament toujours une amnistie générale. Mais Kinshasa leur oppose un examen au cas par cas. En attendant, certains restent campés en Ouganda, d’autres au Rwanda, d’autres encore choisissent de rentrer au pays…

Sultani Makenga et Bertrand Bisimwa, chefs du M23. © AFP

Sultani Makenga et Bertrand Bisimwa, chefs du M23. © AFP

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Publié le 6 novembre 2014 Lecture : 4 minutes.

"Nous circulons librement à travers le monde. Nous n’avons rien à nous reprocher." Depuis Dublin où il séjourne, Jean-Paul Epenge, qui était colonel au temps de la rébellion, se veut "serein". Il y a une année jour pour jour pourtant, le 5 novembre 2013, le Mouvement du 23-Mars (M23), groupe rebelle dont il était l’un des porte-paroles, était vaincu dans l’est de la RDC.

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Jean-Paul Epenge, porte-parole du M23

© DR

L’essentiel des troupes du M23 – 4 000 hommes selon l’ex-rébellion, environ 2 100 selon Kinshasa – s’était alors refugié en Ouganda voisin. "Ils y sont toujours, cantonnés à Kasese", district ougandais frontalier avec la RDC, assure Jean-Paul Epenge qui s’apprête à se rendre à Londres, dans deux jours, pour y mener des "contacts informels".

Quant aux autres dirigeants de l’ancien mouvement rebelle, la plupart sont restés à Kampala où ils participaient aux pourparlers avec la délégation du gouvernement congolais avant le dénouement de la crise sur le terrain militaire.

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>> Lire aussi : Les brebis égarées du M23

Abandi, "l’interlocuteur de Kinshasa"

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Que sont-ils devenus ? Certains, à l’instar de Jean-Paul Epenge, ont été amnistiés pour des faits insurrectionnels après avoir signé l’acte d’engagement à ne plus récidiver. Dans le lot, on retrouve entre autre René Abandi, chargé des relations extérieures et de la coopération régionale du M23. Aujourd’hui, c’est lui qui fait office d’interlocuteur entre l’ancien groupe rebelle et le gouvernement congolais dans la mise en œuvre des engagements souscrits entre les deux parties à Nairobi, quelques jours après la victoire historique des Forces armées de la RDC (FARDC) sur le M23.

René Abandi, chargé des relations extérieures du M23

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C’est à lui par exemple que François Muamba, coordonnateur du mécanisme national de suivi de l’accord-cadre d’Addis-Abeba pour la RDC, a écrit le 18 septembre pour lui faire parvenir le message du président congolais, Joseph Kabila, qui souhaite le rapatriement immédiat de tous les membres de l’ex-mouvement rebelle déjà amnistiés.

Des ex-M23, députés provinciaux ?

"À ce jour, ils sont 410 à avoir déjà bénéficié, au cas par cas, de la mesure d’amnistie", soutient François Muamba. Stanislas Baleke, ancien chef du département du Tourisme au sein du M23, et Jean Serge Kambavu, secrétaire permanent du mouvement rebelle, ont fait partie, le 19 avril, de la première vague des amnistiés. Ces derniers, à la tête de l’aile dite réaliste du M23, n’excluaient plus d’ailleurs de retourner en RDC pour y mener une lutte politique. Une voie suivie par François Gachaba et Jérome Mashagiro, deux anciens cadres du groupe rebelle, rentrés à Goma où ils réclament désormais leur siège de député à l’Assemblée provinciale du Nord-Kivu.

Jean Serge Kambasu, ancien secrétaire permanent du M23

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Fin avril, des noms d’autres membres du M23 étaient également compris dans la deuxième vague des amnistiés. Parmi lesquels le colonel Antoine Manzi, chef des renseignements de l’ancien mouvement rebelle. "Depuis, plus rien. Aucun autre responsable du M23 n’a bénéficié de l’amnistie", déplore Jean-Paul Epenge, dénonçant "l’absence de volonté politique de Kinshasa" dans la mise en œuvre de ses engagements souscrits à Nairobi.

Makenga et Bisimwa, non amnistiables ?

Mais les autorités congolaises restent intransigeantes sur la question. "Les personnes qui sont soupçonnées d’avoir commis des crimes graves ne seront pas amnistiées", martèle François Muamba. "La plupart des chefs de ce mouvement rebelle ont la justice aux trousses tant au niveau national qu’international", ajoute-t-il, citant le cas de Sultani Makenga. Le chef militaire de la rébellion est en effet inscrit sur la liste du comité des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU pour de "nombreuses atrocités que le M23 a commis sous [son] commandement". Mais "cela ne lui empêche pas d’aller faire ses courses de temps en temps à Kigali", au Rwanda, indique une source sécuritaire dans la région.

>> Lire aussi l’interview de François Muamba : "Pas d’amnistie ni d’intégration en bloc" dans l’armée pour les ex-M23

Autre officier du M23 non éligible à l’amnistie : Baudouin Ngaruye. Adjoint de Sultani Makenga avant la scission du groupe rebelle, ce proche de Bosco Ntaganda vit aujourd’hui dans un camp de réfugiés au Rwanda. Jean-Marie Runiga, ancien chef politique du M23, serait, lui, gardé dans une résidence surveillée au pays des milles collines.

Sultani Makenga et Bertrand Bisimwa

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Qu’en est-il de Bertrand Bisimwa, le dernier chef politique du M23 ? "Le boss est toujours à Kampala", confie l’un de ses proches. Comme Sultani Makenga et les autres, il a déjà signé son acte d’engagement à ne plus prendre les armes contre son pays. Mais son nom, par contre, n’a jamais été repris sur la liste des amnistiés. Serait-il dans le collimateur du comité des sanctions des Nations ou de la justice nationale ? Pour l’instant, impossible de le savoir. "Mais s’il n’a pas encore été amnistié, c’est qu’il y a des raisons", se contente d’avancer François Muamba. Sans en dire davantage.

>> Pour aller plus loin : La galaxie M23, qui est qui ?

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Par Trésor Kibangula

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