Start-up africaine de la semaine : le long chemin du « Netflix du livre » ivoirien

En Côte d’Ivoire, une petite entreprise ivoirienne veut vulgariser la lecture grâce aux livres audio. Six mois après, les débuts sont timides mais le potentiel est intact.

Photo d’illustration : lycée industriel et commercial de Djibouti (LIC). Le 5 février 2013. © Vincent FOURNIER/Jeune Afrique

Photo d’illustration : lycée industriel et commercial de Djibouti (LIC). Le 5 février 2013. © Vincent FOURNIER/Jeune Afrique

CRETOIS Jules

Publié le 23 février 2017 Lecture : 3 minutes.

La route est encore longue pour la petite équipe de ZoomVocal. Et Michel Agounkpeto, 34 ans et initiateur du projet, le sait. L’entreprise ivoirienne a été créée en novembre 2015, mais son lancement véritable a attendu octobre 2016.

ZoomVocal propose aux internautes d’écouter en ligne des livres audio, pour 500 à 5 000 F CFA (soit de 0,70 à 7,6 euros par téléchargement). Quand il se fait modeste, Agounkpeto parle de « plateforme éducative ». Quand il veut épater, il ose le parallèle : « Une sorte de Netflix du livre africain. »

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Quoiqu’il en soit, lui et son équipe de six jeunes étudiants dans la vingtaine sont motivés pour pousser les jeunes à la lecture. « Les gens lisent peu, c’est vrai. Mais c’est justement là qu’on intervient. »

Des accords avec trois maisons d’édition françaises

Pour le moment, 1 300 utilisateurs se sont connectés pour profiter d’un essai gratuit, et 175 ont acheté un livre à écouter. Si les débuts paraissent timides, c’est que l’équipe n’a pas parié, dans un premier temps, sur l’investissement en cash, mais plutôt sur le fruit du labeur des fondateurs pour affiner l’expérience des usagers et le modèle économique de la jeune entreprise. « J’ai mis mes économies mais c’est très peu de choses », confie Agounkpeto qui concède « se serrer la ceinture pour le moment ».

Le jeune entrepreneur possède 90% du capital de l’entreprise, qui partage des locaux avec une autre petite société à Abidjan et se situe encore très nettement en phase de démarrage.

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Le catalogue de ZoomVocal se compose de 120 fichiers audio, des magazine ou des livres, notamment de développement personnel et quelques ouvrages religieux. La start-up a conclu un accord avec déjà trois maisons d’éditions françaises : Ésope, Novelcast, et Voolume.

Pour ce qui est des maisons ivoiriennes, ZoomVocal n’a pas encore conclu de partenariat longue durée et choisit les titres un par un tout en essayant de répondre à des demandes faites par des internautes. Le résultat est un mélange un peu improbable mais qui peut être une promesse de richesse : on trouve la revue française à la mode Néon et un livre pour combattre le diable.

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Les étudiants d’abord

Agounkpeto a déjà une idée du rythme de croisière auquel il voudrait parvenir : « Nous avons prévu des étapes. L’idée c’est d’avoir conquis le cœur des étudiants ivoiriens d’ici un an. Pouvoir présenter quelques milliers d’achats d’ici 2018 pour ensuite commencer à conquérir, d’un côté des étudiants ouest-africains et de l’autre, d’autres consommateurs ivoiriens. À terme, d’ici cinq ans, nous voulons pouvoir nous adresser à toutes sortes de lecteurs d’Afrique de l’Ouest francophone. »

Pour le moment, l’heure est à la levée de fonds. D’ici quelques semaines, l’entrepreneur compte frapper aux portes pour lever 50 millions de francs CFA (environ 75 000 euros). Agounkpeto refuse pour le moment de donner des noms mais assure être en contact avec deux investisseurs potentiels, du secteur de l’informatique.

René Yedieti est libraire depuis une petite décennie à Abidjan. Il évolue dans un secteur peu structuré, qui peine à attirer les consommateurs et se reposent en grande partie sur le livre scolaire, achat obligatoire à renouveler annuellement. Mais à l’écouter, l’idée est bonne : « Les jeunes sont très connectés, utilisent beaucoup Internet et en partie pour se renseigner et découvrir des choses. »

Le libraire semble donc partager l’idée de l’équipe de ZoomVocal selon laquelle de nombreuses personnes peuvent être gagnées par la littérature (et par toutes sortes de parution) via d’autres canaux que le livre papier pur et dur.

Yedieti est clair à ce sujet : « Ce n’est pas facile d’amener une personne vers le livre, mais une fois que c’est fait, on peut être sûr que c’est un client fidèle pour la vie, qui consommera toutes sortes d’écrits sur toutes sortes de support. »

Agounkpeto, lui, a lancé une petite étude de marché. Il a compris qu’il doit mettre au point des formules d’abonnement, avec des tarifs préférentiels, des offres et éventuellement des barèmes en fonction des statuts.

Ses intuitions se confirment : c’est du côté des étudiants qu’il faut commencer. Dès cette semaine, il va commencer à dessiner les contours d’une petite campagne promotionnelle à destination de ce public.

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