RDC : un nouveau « carnage » à Beni provoque une manifestation violente
Un nouveau « carnage » s’est produit à Beni, provoquant dimanche une violente manifestation dans cette ville de l’est de la République démocratique du Congo déjà théâtre mi-octobre d’un massacre ayant fait une trentaine de morts.
"Il y a eu carnage cette nuit encore, vers 19h30 (17h30 GMT), à Beni dans le quartier Bel-Air, dans l’est de la ville. On a tué huit personnes: deux militaires et six civils", a déclaré à l’AFP Teddy Kataliko, président de fédération d’associations Société civile du territoire de Beni. Cette tuerie a eu lieu quelques heures seulement après le départ du président Joseph Kabila venu promettre une réaction ferme à la série de massacres qui ont fait une centaine de morts le mois dernier à Beni et dans sa région.
Citant des témoins, M. Kataliko a ajouté que les responsables sont des éléments "présumés appartenir à l’ADF", la rébellion des musulmans ougandais des Forces démocratiques alliées à laquelle sont attribués les autres carnages. "Toutes les dépouilles sont arrivées à la morgue, il y a huit corps. Il y a un enfant, trois femmes, le reste sont des hommes. Deux militaires ont été tués par balle, l’enfant a été percé par un couteau et les autres par machette", témoigne à l’AFP Chirac Katalya, journaliste et membre de société civile.
Les autorités locales ont pour leur part annoncé un bilan d’au moins sept morts. "Il y a eu sept morts, dont deux militaires", a affirmé à l’AFP Julien Paluku, gouverneur de la province du Nord-Kivu, où se trouve la ville et le territoire de Beni. Le maire de Beni, Bwanakawa Nyonyi, a confirmé ce bilan mais ajouté que trois autres victimes devaient être amenées à la morgue.
Détruire la mairie
Cette nouvelle tuerie a provoqué des heurts violents lors d’une manifestation de protestation. "La population (…) a procédé à des manifestations violentes. Elle voulait s’en prendre aux édifices publics. (…) Tous les édifices publics ont été protégés mais il s’en sont pris à la statue du président Kabila" qui avait quitté Beni vendredi, a déclaré M. Nyonyi.
M. Katalya a expliqué que la police avait tiré en l’air pour disperser la foule, mais que des manifestants avaient "voulu coûte que coûte détruire la mairie". "Une personne avait été blessée par balle à la cheville", a-t-il ajouté. Suite aux échauffourées, le centre-ville de Beni s’est vidé, les églises ne comptaient que quelques fidèles ou avaient fermé leurs portes et la circulation était quasiment inexistante hormis les véhicules de l’armée et de la police, a témoigné M. Katalya.
En fin de matinée, les manifestants avaient été dispersés devant la mairie mais la police et l’armée pourchassaient dans les ruelles des gens cherchant à se regrouper, selon M. Katalya. "On entend des coups de feu sporadiques. La situation n’est pas complètement calme, mais la situation est sous contrôle", a souligné le maire de Beni.
"C’est comme s’il y avait une complicité interne"
Courant octobre, une série de massacres attribués à l’ADF a fait une centaine de morts dans le territoire de Beni. Les victimes, dont des enfants, ont été tués à l’arme blanche et parfois décapitées. Dans la nuit du 15 au 16 octobre, une trentaine de personnes avaient été tuées à Beni même. Hostile au président ougandais, Yoweri Museveni, l’ADF est active depuis 1995 dans une région montagneuse du territoire de Beni, où elle commet de graves exactions (massacres, enrôlements forcés, pillages…) contre les civils et se livre à des lucratifs trafics, dont celui de bois.
Depuis janvier, l’armée congolaise et la Monusco ont lancé une série d’attaques qui ont affaibli l’ADF. Celle-ci a toutefois conservé une capacité de nuisance et repris l’initiative depuis la mort brutale, en août, du général Jean-Lucien Bahuma, chef des opérations pour l’armée. Vendredi, s’exprimant pour la première fois sur les massacres, le président Kabila avait promis que la RDC allait "vaincre" l’ADF et a demandé à la Monusco, quelque 20.000 hommes au total, de renforcer sa présence dans le territoire de Beni – ce que la force de l’ONU a accepté.
Il faudra aussi le soutien de la population, affirme M. Paluku. "C’est comme s’il y avait une complicité interne car ces gens viennent commettent leur forfait et les forces armées n’arrivent pas à les retrouver. On finit par se demander s’il n’y a pas certains complices qui les hébergeraient."
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