Blaise Compaoré en Côte d’Ivoire, un exil doré qui divise

L’arrivée de l’ex-président burkinabè Blaise Compaoré à Yamoussoukro, où il s’est réfugié après sa chute, fait grincer des dents en Côte d’Ivoire. L’actuelle opposition ivoirienne ne lui a jamais pardonné ses liens avec la rébellion de 2002 contre Laurent Gbagbo.

Blaise Compaoré, ex-président du Burkina Faso. © AFP

Blaise Compaoré, ex-président du Burkina Faso. © AFP

Publié le 5 novembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Blaise Compaoré, alors président du Burkina Faso, était-il faiseur de paix ou pompier pyromane ? En tout cas, son exil en Côte d’Ivoire où il a élu domicile dans une luxueuse résidence d’État à Yamoussoukro, après avoir été chassé du pouvoir par des manifestants, suscite la controverse.

Dans le camp de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo – désormais incarcéré à La Haye à la Cour pénale internationale (CPI) qui l’accuse de crimes contre l’humanité -, on voit l’ex-président burkinabè comme l’ennemi incarné et on applaudit sa chute. D’autant que Blaise Compaoré était considéré comme le "parrain" de la rébellion ivoirienne qui tenta en 2002 un coup d’État contre Laurent Gbagbo.

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Avant ce putsch manqué, "des centaines de rebelles ont été entraînés au Burkina Faso", explique une source sécuritaire française. "[Blaise Compaoré] a encadré, financé, armé et offert son pays comme la base arrière d’une rébellion qu’il a lâchée ensuite sur le pays", renchérit le Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo.

D’où la rancœur certaine des pro-Gbagbo à l’encontre de Blaise Compaoré : "Sa médiation dans la crise ivoirienne a plutôt aggravé la situation du pays, jusqu’à la guerre ayant entraîné la chute du président Gbagbo et l’avènement d’Alassane Ouattara à la tête de l’État", dénonce le FPI.

Pour le camp de l’actuel président Ouattara en revanche, Blaise Compaoré fut le médiateur de la crise ivoirienne qui fit asseoir rebelles et pouvoir à une même table, à Ouagadougou en 2007, pour des pourparlers de paix. "C’est sous ses auspices que la Côte d’Ivoire a pu organiser des élections" en 2010, plaide Joël N’Guessan, le porte-parole du Rassemblement des républicains (RDR).

>> Lire aussi : Compaoré, profession médiateur

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Blaise Compaoré, l’Ivoirien ?

Alassane Ouattara et le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, qui était le chef de la rébellion, ont ainsi une "dette considérable" envers Blaise Compaoré, observe un bon connaisseur du dossier.

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Accueillir l’ancien président burkinabè à Yamoussoukro après sa chute vendredi relève donc de la "reconnaissance du ventre", ajoute-t-il. Mais un cadre du pouvoir ivoirien réfute toute critique : Blaise Compaoré est issu "d’un pays frère", sa venue relève donc de "l’évidence". "Compaoré en Côte d’Ivoire, c’est tout à fait normal, estime Joël N’Guessan. "Son épouse est ivoirienne. Or selon notre loi, quand un étranger épouse une Ivoirienne, il se retrouve Ivoirien".

Ancien président de l’Assemblée nationale sous Laurent Gbagbo, Mamadou Coulibaby, candidat à la présidentielle de 2015 en Côte d’Ivoire, a une autre idée en tête. "Je trouve que c’est bien qu’il vienne ici, qu’il soit bien installé. Comme cela, lorsque le moment viendra où la CPI le recherchera, on pourra facilement le localiser", commente-t-il, citant l’exemple de l’ex-dictateur libérien Charles Taylor, extradé à La Haye alors qu’il vivait aux yeux de tous en exil au Nigeria.

(Avec AFP)

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