Burkina – Roch Kaboré : « Les responsables de partis ne doivent pas participer aux instances de la transition »
Au Burkina, les militaires s’orientent vers une remise du pouvoir aux civils. C’est aussi ce que réclame Roch Marc Christian Kaboré, un des leaders de l’opposition. Interview.
Après plusieurs jours de confusion, la situation se clarifie peu à peu au Burkina. L’armée semble désormais prête à remettre le pouvoir aux civils. Son homme fort, le lieutenant colonel Zida, l’a confié ces dernières heures à de nombreux interlocuteurs, tels les responsables de l’opposition et les autorités morales et religieuses, au premier rang desquels le Mogho Naba, influent roi des Mossis.
La mise en place de structures transitoires est actuellement à l’étude dans l’entourage de Zida. D’après des sources concordantes, des juristes réputés ont été contactés par ses proches pour plancher sur l’organisation institutionnelle de la transition. Un projet écrit doit prochainement être transmis à l’opposition, sans qu’aucun délai précis n’ait encore été communiqué.
Roch Marc Christian Kaboré, président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) fait partie des principaux opposants. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, il estime qu’il y a "urgence" et que le pouvoir doit être rapidement transmis aux civils.
>> Lire aussi : Comment la France a exfiltré Blaise Comaporé
Jeune Afrique : Pensez-vous que les militaires, menés par le lieutenant-colonel Zida, vont remettre les clés de la transition aux civils ?
Roch Marc Christian Kaboré : Le lieutenant-colonel Zida, qui a reçu l’opposition politique, n’y est pas hostile. Il a promis de nous envoyer une proposition écrite sur la mise en place d’instances de transition. Nous menons aussi une réflexion de notre côté. L’idée centrale est d’aboutir à l’instauration de structures transitoires consensuelles. Une fois que ces structures seront mises en place, la seconde phase sera le choix de la personne qui va gérer cette transition.
Qui peut gérer cette délicate période de transition ?
Cette transition doit être civile et démocratique. Ensemble, nous devons nous entendre sur une personnalité. C’est pourquoi je ne peux, pour le moment, vous avancer de nom. Nous exigeons, comme la communauté internationale, que cette personne soit un civil.
Quand pourrait-elle être désignée ? Certains affirment que ce sera avant la fin de la semaine…
Je pense que ce délai est un peu court. L’Union africaine (UA) a donné environ 15 jours pour que le pouvoir soit remis aux civils. Je pense qu’il s’agit là du délai maximum. Ce qui est certain, c’est qu’il y a urgence : ces instances doivent être rapidement mises en place pour permettre au pays de fonctionner à nouveau normalement.
Serez-vous candidat à un rôle dans ces instances de transition ?
Non. Il n’est pas souhaitable que les responsables de partis que nous sommes participent aux instances de cette transition. Notre rôle est de continuer à donner notre point de vue sur l’évolution de cette transition et de faire avancer le pays de manière sereine.
Que pensez-vous de la fuite de Blaise Compaoré en Côte d’Ivoire ?
Nous n’avons pas de problèmes personnels avec le président Blaise Compaoré. Mais lui même a déclaré, lors d’une interview, qu’il assumerait pleinement ses actes s’il y avaient des incidents en lien avec le projet de modification de la Constitution. Pour l’instant, je pense que le futur gouvernement de transition aura déjà beaucoup de pain sur la planche. Nous verrons bien ce qu’il décidera au sujet de l’ancien président.
>> Lire : Blaise Compaoré en Côte d’Ivoire, un exil doré qui divise
__________
Propos recueillis par Benjamin Roger, envoyé spécial à Ouagadougou
>> Pour aller plus loin : retrouvez ici tous nos articles sur la crise burkinabè
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...