Maroc : une poudrière nommée Guergarate

Il s’en est fallu de peu que le Maroc et le Polisario n’en arrive à la confrontation armée sur une bande de sable où prospère toutes sortes de trafics. Récit d’un conflit évité de justesse.

Un mur de sable dans le Sahara, le 6 novembre 2006. © François Mori/AP/SIPA

Un mur de sable dans le Sahara, le 6 novembre 2006. © François Mori/AP/SIPA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 2 mars 2017 Lecture : 2 minutes.

Pour tout Marocain, le royaume s’étire de Tanger à Lagouira, bourgade quasi-déserte délimitant les frontières intangibles et sacrées du Maroc avec son voisin mauritanien. C’est du moins ce que les enfants se sont vu répéter à l’école et la télévision, au point que c’est devenu une vérité inébranlable dans la tête de beaucoup. Mais en réalité, sur le terrain, il n’en est rien.

Le point le plus au sud du territoire marocain, le vrai, s’appelle Guergarate. Il faut faire 80 kilomètres encore au Sud du Sahara pour arriver à Lagouira, une presqu’île de sable entourée par l’Atlantique. encore faut-il passer par un check point mauritanien pour y arriver. Car Lagouira est un territoire mauritanien depuis que Hassan II a décidé d’en retirer ses troupes en 1989, sur demande de l’ancien président, Mouâouiya Ould Sid Ahmed Taya, qui voulait sécuriser le port de Nouadhibou.

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Aux origines du conflit

Mais depuis août 2016, Guergarate cristallise les craintes de la communauté internationale. Plus exactement depuis que le Maroc a décidé de la nettoyer des mafias de la contrebande et de la drogue qui y prospèrent.

La route marocaine s’arrête à Guergarate, au pied du mur de défense construit par Hassan II au début des années 1980 pour se prémunir des attaques du Front Polisario. Puis débute une piste de quelques kilomètres, déserte, hostile, où prospère tous types de trafics, un véritable no man’s land. Elle fait partie de la zone tampon accolée au mur de défense et qui est sous administration onusienne. Mais en réalité, elle est hors de tout contrôle. Les convois marchands et touristiques sont obligés de la traverser à leurs risques et périls pour arriver au premier poste-frontière mauritanien.

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Pour les Marocains, le « nettoyage » de cette zone était devenu impératif pour des raisons sécuritaires. En août 2016 (voir la chronologie ci-dessous), ils commencent à en goudronner la piste. Y voyant une violation d’un territoire onusien, le Polisario riposte en envoyant ses unités militaires. Le risque de confrontation entre les deux parties était à la fois militaire et diplomatique. Car à la même période, le Maroc jouait son intégration à l’Union africaine (UA), essayant de vaincre les nombreux blocages posés par ses adversaires.


Le dimanche 26 février 2017, sur injonction de l’ONU, le Maroc se retire finalement de la zone contestée. Mais l’épisode Guergarate n’est pas terminé, car l’armée du Polisario est toujours sur place. Et le problème ne manquera pas d’être au centre de la réunion annuelle du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental prévue au mois d’avril.

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