Fin du second mandat de Kabila : l’armée de la RD Congo a « tiré pour tuer », selon l’ONU

Dans un rapport publié mardi, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) revient sur les événements sanglants ayant marqué la fin constitutionnelle du mandat du président Joseph Kabila. Et accuse l’armée d’avoir délibérément tué des civils en RDC. Ce que Kinshasa conteste.

Des soldats congolais à Kinshasa, le 20 septembre 2016. © John bompengo/AP/SIPA

Des soldats congolais à Kinshasa, le 20 septembre 2016. © John bompengo/AP/SIPA

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Publié le 28 février 2017 Lecture : 3 minutes.

Le bilan macabre n’a pas changé. En 16 jours, au moins 40 personnes ont été tuées en RD Congo, dont cinq femmes et deux enfants, « dans le contexte des événements du 19 décembre », marquant la fin théorique du second mandat du président Joseph Kabila. C’est ce qui ressort du rapport rendu public, le 28 février, par le BCNUDH et la Monusco.

Le document de 24 pages accable les forces de l’ordre et de sécurité de la RD Congo. S’appuyant sur des « preuves crédibles » collectées sur le terrain, le BCNUDH accuse les soldats congolais, y compris les membres de la Garde républicaine et ceux de la police militaire, d’avoir tué par balle au moins 28 personnes.

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La structure onusienne dit également avoir « reçu des informations crédibles selon lesquelles au moins six personnes ont été tuées par des agents de la police nationale congolaise, dont cinq par balle, à Matadi et Lubumbashi, et une [autre] après avoir été renversée par un camion de la police à Kinshasa ».

À bout portant

« Les six autres victimes ont été tuées par balle lors d’opérations conjointes de la police et des Forces armées de la RDC (FARDC), mais le BCNUDH n’a pas été en mesure d’attribuer les responsabilités à une institution spécifique », précise le texte.

L’armée avait une intention délibérée de tirer pour tuer

Et de souligner : « À Boma [dans l’ouest du pays], les 8 personnes tuées ont été abattues par des balles tirées à bout portant dans les parties supérieures de leur corps par des militaires des FARDC du régiment de Boma, des Forces navales et de la Garde républicaine venant de Muanda. » Ce qui démontre, selon le rapport, que l’armée congolaise avait une « intention délibérée de tirer pour tuer ».

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Mais aucune mesure n’a été prise, jusqu’ici, par les autorités congolaises pour « enquêter et poursuivre de manière efficace les auteurs de violations des droits de l’homme commises non seulement en décembre 2016, mais également lors d’incidents antérieurs (…) », déplore le Bureau conjoint des Nations unies.

Ce dernier dénonce par ailleurs des violences perpétrées par des manifestants pendant la même période, notamment le meurtre d’un policier à Kinshasa, le 20 décembre. « À Matadi, le 20 décembre 2016, un militaire des FARDC aurait été blessé par des manifestants qui avaient réussi à lui ravir sa machette », peut-on également lire dans le rapport.

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Réaction de Kinshasa

De leur côté, les autorités congolaises, qui ont reçu le document avant sa publication, dénoncent un « rapport partisan » et pointent une « partie de l’opposition » d’être les commanditaires des violations des droits de l’homme décriées.

« Cette opposition a donc planifié les violences en ne laissant rien au hasard : des pillages aux tueries, en passant par les viols et les attaques des symboles de l’État », écrit Marie-Ange Mushobekwa, ministre des Droits humains, dans une correspondance envoyée au BCNUDH. « Certains leaders de cette opposition ont préparé leurs partisans pour ces sales besognes et leur ont donné un mot d’ordre clair de s’attaquer à la police pour pousser cette dernière à la faute », ajoute-t-elle.

« Le rapport insiste abondamment sur le fait qu’il s’agit du deuxième et dernier mandat du président Joseph Kabila. Le gouvernement rappelle que cette question relève de la souveraineté nationale et concerne uniquement le peuple congolais, et non pas les organisations internationales », conclut la ministre.

Arrivé au terme de son second mandat le 19 décembre, Joseph Kabila a pu se maintenir au pouvoir, l’élection de son successeur n’ayant pas été organisée dans les délais. Une prolongation qui pourrait s’étendre au moins jusqu’à fin 2017.

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