Le Salon international de l’agriculture à Paris, une bonne affaire pour l’Afrique ?
Les sommes investies par plusieurs États africains pour ériger bien haut leurs couleurs tous les ans au Salon international de l’agriculture donnent lieu à divers contrats et partenariats. Plutôt une bonne affaire, ont plaidé – chiffres à l’appui – plusieurs représentants du continent en marge de la 54e édition de l’événement.
Chaque année, quelques pays africains se font représenter dans les travées du Salon international de l’agriculture de Paris. Et la 54e édition de la grande messe des secteurs primaires français et européens faisait à nouveau la place belle aux « produits du monde ». Et les plus habitués du continent avaient à nouveau établi leurs quartiers dans le sud de la capitale française.
Sénégal, Côte d’Ivoire, Maroc, Mali… reviennent depuis plusieurs années et ces pays avaient tous investi dans un stand de grande taille, mettant chacun à l’honneur les forces de ses filières agricoles, ici la transformation du gingembre à la sortie de Dakar, là l’huile d’argan marocaine, un peu plus loin les mangues maliennes, etc.
Des représentations qui ont un coût, sans compter la présence d’importantes délégations (42 personnes pour le Mali, 50 pour la Côte d’Ivoire…). Ainsi, le Sénégal a également loué 300 mètres carrés, notamment pour loger tous les espaces des nombreux représentants du secteur public venus dans la capitale française (Union des chambres d’agriculture, ministère de l’Agriculture, Institut sénégalais de recherches agricoles, agence de promotion des exportations), un showroom flamboyant pour la Côte d’Ivoire avec la Société immobilière et financière de la côte africaine (Sifca) et le Conseil Café-Cacao.
Le coût de venue au Salon est vite amorti
Mais ces pavillons sont-ils une si bonne affaire, au-delà de « la vitrine » vantée par Mady Toumane Cissé, en charge de l’organisation du stand sénégalais pour le ministère de tutelle ? Plutôt, oui, répondent ceux qui s’aventurent à donner quelques chiffres. Et ce malgré un ticket d’entrée au salon qui oblige à un investissement certain, auquel s’ajoutent les frais de déplacement et de représentation des délégations : 5 millions de dirhams (465 000 euros) par exemple pour le Maroc, selon Khadija Bendriss, la directrice du développement de la commercialisation des produits du terroir à l’Agence pour le développement agricole (ADA), chargé du pilotage du Plan Maroc Vert.
Il en va de même pour le pavillon sénégalais, dont Mady Toumane Cissé estime qu’il coûte 200 millions de F CFA (305 000 euros) pour la seule location de l’espace. Quand Siriman Sakho, le conseiller chargé du projet d’accroissement de la productivité agricole du Mali, il parle quant à lui de 300 millions de F CFA. « Ce ne sont pas les ventes sur place qui importent mais les contrats qui se font pendant ou après le salon », dit-il. Et de citer l’implantation d’une unité de production de confitures à Yanfolila, au sud-ouest du Mali, à la frontière avec la Guinée, la livraison de 100 000 tonnes de mangues pour le Maroc ou la commande de 100 000 tonnes de maïs d’un négociant franco-libanais. « Le coût de venue au Salon est vite amorti », poursuit M. Sakho.
Un constat que partage Khadija Bendriss. La cheffe de division à l’ADA évalue à 300 les rencontres professionnelles qui ont été d’ores et déjà tenues par les exposants marocains depuis l’ouverture du salon international de l’agriculture. À l’instar de Jamila Idbourrous, dont c’est la deuxième venue à Paris avec le pavillon marocain. Elle y représente l’Union des coopératives des femmes de l’arganerie. Ces coopératives, productrices de l’huile d’argan utilisée depuis toujours par les Marocains pour la cuisine et pour les soins de la peau, gagnent des parts de marché en Europe et en Asie. Tissaliwine, le nom de leur union, est même fournisseur de Pierre Fabre, le laboratoire pharmaceutique français.
Une première pour le Togo
Le ministère des Ressources animales et Halieutiques ivoirien cherche, lui, davantage à attirer du monde pour son propre événement, le Salon international de l’agriculture et des ressources animales d’Abidjan (Sara), dont la prochaine édition est attendue cette année.
En tout cas, l’expérience fait des émules. Ainsi du Togo, dont c’est la première présence au salon où le pays vient faire valoir son cacao et ses céréales (sorgho, fonio). « Au total, nous investissons 40 millions de F CFA », dit Kodjovi Mgbayom, le secrétaire exécutif du Conseil interprofessionnel des filières café-cacao du Togo. Objectif pour lui aussi : dégager de nouveaux débouchés avant, peut-être, de revenir.
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