Côte d’Ivoire : le général Dogbo Blé accuse la France d’avoir voulu la mort des disparus du Novotel

L’ancien chef de la garde républicaine ivoirienne est jugé, en même temps que dix autres personnes, pour sa participation présumée à l’enlèvement et au meurtre en 2011 de quatre personnes dans cet hôtel de la capitale ivoirienne. Mercredi au tribunal, il a nié toute implication.

L’ancien commandant de l’ex-garde républicaine, Brunot Dogbo Blé, le 21 février 2017 au tribunal de Yopougon. © Jeune Afrique

L’ancien commandant de l’ex-garde républicaine, Brunot Dogbo Blé, le 21 février 2017 au tribunal de Yopougon. © Jeune Afrique

Publié le 2 mars 2017 Lecture : 2 minutes.

« La France avait tous les moyens pour empêcher l’enlèvement et la mort de ces quatre personnes », a affirmé le général Dogbo Blé à la Cour.

Le 4 avril 2011, au plus fort de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, un commando faisait irruption dans l’hôtel Novotel d’Abidjan, enlevait son directeur, le Français Stéphane Frantz Di Rippel, son compatriote Yves Lambelin, directeur général de Sifca, plus grand groupe agro-industriel ivoirien, l’assistant béninois de celui-ci Raoul Adeossi et le Malaisien Chelliah Pandian, directeur général d’une filiale de Sifca.

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Selon les autorités ivoiriennes installées après l’arrestation le 11 avril du président Laurent Gbagbo, les quatre hommes avaient été emmenés au palais présidentiel, avant d’être torturés et tués.

« La France et l’Onuci ont voulu qu’ils meurent »

« Si Yves Lambelin et ses amis sont morts, c’est parce que la France et l’Onuci (la Mission de l’ONU en Côte d’Ivoire, ndlr) ont voulu qu’ils meurent. Et meurent au palais présidentiel », a-t-il poursuivi, sous-entendant que Paris voulait mettre en cause le camp de Laurent Gbagbo. Celui-ci refusait d’admettre sa défaite à la présidentielle face à Alassane Ouattara, reconnu élu par la communauté internationale.

Le général Dogbo Blé, jugé avec neuf co-accusés, a affirmé que « des chars français surveillaient cet édifice (le Novotel) lorsque des bandits sont venus opérer avec sang-froid et sérénité ce jour-là. Sans que les militaires français n’interviennent ». « Je peux dire que le crime a eu lieu au Novotel », a-t-il ajouté.

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Alors que la capitale économique était le théâtre de violents combats, le Novotel était situé dans une zone contrôlée par les forces loyales à Laurent Gbagbo, actuellement jugé par la Cour pénale internationale (CPI).

La colère des parties civiles

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« Moi, j’ai la conscience tranquille », a assuré le général Dogbo Blé, affirmant avoir « eu connaissance de la présence de ces quatre personnes (au palais présidentiel) après leur mort » et niant être « l’instigateur de leur enlèvement ».

Des déclarations qui ont suscité l’ire des avocats de la famille de Stéphane Frantz di Rippel. Dans un communiqué, ils ont dénoncé « des propos révisionnistes et inadmissibles », y voyant une manœuvre du général Dogbo Blé pour « échapper à ses responsabilités ». « Nous ne cesserons jamais, sur le banc des parties civiles, de nous battre pour la manifestation de la vérité », ont-ils affirmé.

Le général Dogbo Blé a déjà écopé de plusieurs peines de prison pour des assassinats liés à la longue crise politico-militaire qu’a traversée la Côte d’Ivoire entre 2002 et 2011. Il a notamment été condamné à la perpétuité pour le meurtre du général Robert Gueï, ex-chef de la junte ivoirienne, tué le 19 septembre 2002, jour d’un coup d’État raté contre Laurent Gbagbo, déclencheur de la décennie de crise politico-militaire en Côte d’Ivoire.

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