Aide au développement : les leviers financiers que le prochain président français pourra actionner

Pour éviter l’impasse sur le sujet, le bureau français de l’ONG ONE veut pousser les candidats à l’élection présidentielle à prendre des engagements chiffrés et met en évidence les leviers qu’ils ont à leur disposition pour s’engager dans le développement.

Réfugiés dans le camp de Zam Zam au Soudan. En 2015, l’aide consacrée aux réfugiés a plus que doublé pour atteindre 12 milliards de dollars. © Albert Gonzalez Farran/AP/SIPA

Réfugiés dans le camp de Zam Zam au Soudan. En 2015, l’aide consacrée aux réfugiés a plus que doublé pour atteindre 12 milliards de dollars. © Albert Gonzalez Farran/AP/SIPA

Publié le 7 mars 2017 Lecture : 2 minutes.

Immigration, chômage, terrorisme, impôts, santé, retraite… La question du développement international n’est pas la préoccupation première de la campagne à la présidentielle française, loin s’en faut.

Tout juste quelques candidats reprennent-ils à leurs comptes la promesse de relever la part des finances publiques qui y sera allouée, pour qu’elle atteigne l’historique 0,7% du Revenu national brut (RNB) faisant autorité parmi les pays donateurs depuis 1970.

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Obliger les candidats à s’engager 

Il se trouve que l’aide publique au développement (APD) en France, équivalente à 8,4 milliards d’euros en 2016, selon les chiffres officiels, n’a jamais passé le cap des 0,7%. Pire, depuis 2010, sa part dans le RNB s’en est éloigné, pour tomber à 0,37% en 2015.

L’objectif de François Hollande, dont héritera le prochain locataire du Palais de l’Élysée, de consacrer 20 milliards d’euros, sur la période 2014- 2018, en dons et en prêts au développement de l’Afrique, semble donc difficilement tenable.

Pour éviter les promesses non-tenues, plusieurs membres du bureau français de l’ONG ONE veulent appliquer en France une méthode très courue dans les sphères politiques anglo-saxonnes : rendre les responsables politiques davantage comptables d’engagements précis et chiffrés.

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Ainsi, l’organisation, co-fondée par le chanteur irlandais Bono qui vise par le plaidoyer à mettre fin à l’extrême pauvreté, en particulier en Afrique, invite-t-elle depuis le 1er mars le grand public à interpeller les candidats sur les leviers qui s’offre à eux.

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En parallèle, l’équipe du bureau français de ONE ratisse l’entourage des candidats pour y répandre la bonne parole : relèvement des programmes budgétaires spécifiquement alloués à l’APD, passage à 100% de la part de la taxe sur les transactions financières allouée à l’aide internationale (contre 25% depuis 2015), concentration des aides sur les pays les plus vulnérables, renforcement des obligations déclaratives des multinationales…

Trouver un « Monsieur Afrique »

Cela n’est pas gagné, tant le sujet semble éloigné des préoccupations de la campagne. « Le plus dur est de trouver un Monsieur Afrique », conclut Annabel Hervieu, la directrice adjointe du bureau français de ONE. Les seuls candidats qui font référence au 0,7% sont à gauche sur l’échiquier politique : il s’agit de Jean-Luc Mélenchon ou Benoît Hamon.

François Fillon ne s’engage pas sur les 0,7%, Emmanuel Macron et Marine Le Pen non plus.

Emmanuel Macron, lui, conditionne un tel pourcentage aux résultats économiques futurs de la France. C’est en tout cas la conclusion qui s’impose en regardant le comparateur des engagements des candidats à l’élection présidentielle française en matière d’aide au développement mis en ligne par plusieurs ONG en début d’année.

François Fillon, pour sa part, ne s’engage pas à tenir les 0,7% et renvoie, pays par pays, à la coopération dans la lutte contre l’immigration irrégulière. Enfin, le programme de Marine Le Pen, fait état d’ « une véritable politique de co-développement avec les pays d’Afrique », sans autres détails chiffrés.

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