Algérie : Abdelaziz Bouteflika fête ses 80 ans sur fond d’inquiétudes sur son état de santé
Âgé et malade, il dirige le pays depuis 17 ans. Et il aimerait bien durer encore, à en croire ses proches.
Ce jeudi 2 mars, le président algérien fête ses 80 ans avec, pour les Algériens, toujours les mêmes interrogations sur son état de santé. Cloué dans un fauteuil roulant depuis son accident vasculaire cérébral (AVC) de 2013, il souffre encore des séquelles de cet incident qui l’oblige à se déplacer régulièrement en France ou en Suisse pour se soigner. La dernière fois où on a parlé de lui, c’était le lundi 20 février, au moment où il allait recevoir la chancelière allemande, Angela Merkel. Mais la visite a été annulée à la dernière minute à cause d’une « bronchite aiguë » du président. À ceux qui s’inquiètent pour son état de santé, ses proches répondent que « le président va bien et poursuit normalement ses activités ».
Un sujet sensible
Sa maladie est à la fois un sujet tabou et un enjeu politique majeur. Depuis son AVC, Abdelaziz Bouteflika ne s’est plus adressé directement à ses concitoyens. Les Algériens ne le voient qu’à la télévision lorsqu’il reçoit un hôte étranger dans sa résidence de Zéralda ou lorsqu’il se déplace sur son fauteuil roulant pour inaugurer quelques projets d’infrastructures comme il avait fait récemment au nord du pays. De temps en temps, il donne des messages politiques pour dire qu’il est le seul maître à bord.
J’y suis, j’y reste !
Mais à part ces rares apparitions publiques, « le patient de Zéralda » ne bouge pas de chez lui et ne s’adresse aux Algériens que via des communiqués. Certains de ses adversaires politiques, comme Ali Benflis, patron du parti Taliae Al Houriyat, dénoncent une vacance du pouvoir qui fragilise le pays. Mais le régime fait la sourde oreille. Les proches de Bouteflika évoquent même l’idée d’un cinquième mandat pour permettre à ce dernier de terminer ce qu’il a commencé. Il a stabilisé le pays après une décennie de guerre civile, reformaté le paysage politique et réformé les services de renseignement. Il faut qu’il termine le boulot, laissent-ils entendre. Bref, autant dire que le locataire du Palais El Mouradia n’est pas prêt à se retirer.
Crise économique
Mais sa maladie intervient dans un contexte économique difficile pour le pays. Durement frappé par la baisse des cours de pétrole, l’Algérie est obligée de revoir les fondements de sa politique économique et de prendre des mesures urgentes pour sortir du système de rente. Le 18 janvier, dans un rapport alarmant sur la coopération européenne avec les pays du Maghreb, une mission parlementaire française a attiré l’attention sur le risque d’éruption sociale si le système ne change pas en profondeur. Elle s’inquiète « d’un certain conservatisme qui prétend maintenir la société sous le joug de l’État » et estime que « malgré les discours du gouvernement sur la diversification, les contraintes administratives continuent de peser sur le secteur privé en Algérie ».
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