Burkina : l’armée s’impose dans la transition, un mort à Ouagadougou

Une personne a été tuée dimanche devant la radio-télévision nationale burkinabè alors que l’armée tentait de disperser la foule. Celle-ci réclamait le départ du lieutenant-colonel Zida, le nouvel homme fort du pays.

Des soldats devant l’entrée de la RTB à Ouagadougou, le 2 novembre 2014. © AFP

Des soldats devant l’entrée de la RTB à Ouagadougou, le 2 novembre 2014. © AFP

Publié le 3 novembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Soixante douze heures après la démission de Blaise Compaoré, la situation demeure, en ce lundi 3 novembre, aussi confuse que tendue au Burkina Faso. Dimanche, c’est notamment à coups de grenades de gaz lacrymogène que l’armée a chassé les manifestants qui contestent sa prise du pouvoir.

Un jeune homme a même été tué – "par une balle perdue", selon l’armée – devant la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB) lorsque les forces de l’ordre dispersaient par la force l’attroupement.

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En début d’après-midi du 2 novembre en effet, des soldats du régiment de sécurité présidentielle, unité militaire d’élite dont le lieutenant-colonel Isaac Zida était le commandant en second, ont tiré plusieurs rafales en l’air et pris le contrôle du bâtiment de la RTB, d’où ils ont chassé une foule de manifestants et évacué le personnel.

Simultanément, l’armée a investi la place de la Nation, tirant en l’air, lançant des grenades lacrymogènes et faisant fuir les milliers de personnes qui y étaient réunies. La foule n’avait cessé dimanche de grossir sur la place, lieu emblématique de l’insurrection populaire.

>> Revivez le récit de la journée du 31 octobre et de la chute de Blaise Compaoré

"Zida dégage"

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Mais depuis dimanche, c’est contre son successeur autoproclamé que la mobilisation se poursuit, les manifestants brandissant des pancartes : "Non à la confiscation de notre victoire, vive le peuple!", ou encore : "Zida dégage". Cet officier de 49 ans avait été adoubé le 1e novembre par la haute hiérarchie de l’armée qui a pris la direction du régime provisoire.

Le nouveau chef militaire a d’emblée promis un processus "démocratique" associant toutes les forces vives de ce pays pauvre du Sahel comptant quelque 17 millions d’habitants, mais en restant flou sur les modalités de la transition. Un coup de force militaire qui sonne comme un défi lancé, entre autres, aux États-Unis. Washington avait appelé, quelques heures plus tôt, "l’armée à transmettre immédiatement le pouvoir aux autorités civiles", condamnant "la tentative de l’armée burkinabè d’imposer sa volonté au peuple".

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De son côté, l’Union européenne a appelé l’armée burkinabè à respecter les droits fondamentaux de la population, y compris celui de manifester pacifiquement. De son côté, le président ghanéen, John Dramani Mahama, qui dirige actuellement la Cedeao, a appelé "au dialogue" et à la retenue, pour éviter que "la situation déjà précaire" ne dégénère.

Enfin, en attendant une nouvelle évolution de la situation, une réunion du conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) consacrée au Burkina Faso est prévue lundi à la mi-journée à Addis-Abeba.

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(Avec AFP)

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