Burkina : l’armée occupe la place de la Nation et a pris le contrôle de la radio télévision nationale

L’armée burkinabè occupait dimanche la place de la Nation où des milliers de personnes s’étaient rassemblées un peu plus tôt pour protester contre la « confiscation de la transition ». Des militaires ont également pris le contrôle de la radio télévision nationale.

Des militaires face aux manifestants devant le quartier général de l’armée, le 31 octobre. © AFP

Des militaires face aux manifestants devant le quartier général de l’armée, le 31 octobre. © AFP

Publié le 2 novembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Dernière mise à jour le 3/11 à 17h51

L’armée a pris le contrôle dimanche de la radio-télévision nationale burkinabè à Ouagadougou, ont constaté des journalistes de l’AFP. Des soldats du régiment de sécurité présidentiel, l’unité dont fait partie le lieutenant-colonel Zida, ont tiré en l’air dans la cour d’entrée du bâtiment peu après 14H00 (locales et GMT) pour disperser une foule de manifestants, avant de se rendre maître des lieux. Selon l’opposition, jointe par Radio Omega, une personne aurait été tuée dans ces événements.

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Tous les personnels de la radio-télévision ont été évacués, ainsi que les journalistes étrangers. Une foule avait auparavant tenté de pénétrer dans les locaux de la télévision publique, tandis que le général Kouamé Lougué s’était présenté à l’antenne pour dire qu’il prenait la tête de l’État. L’opposante Saran Sérémé,  président du Parti pour le développement et le changement (PDC), s’était apparemment vue refuser l’accès au plateau.

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L’armée a également mis en place un quadrillage de la Place de la Nation dimanche après-midi, alors que des milliers de manifestants s’y étaient rassemblés un peu plus tôt pour protester contre ce qu’ils jugent être une "confiscation" de la transition. Des soldats sont arrivés à bord de plusieurs pick-up, ont tiré en l’air et ont lancé des grenades lacrymogènes, faisant fuir les manifestants. Ils ont ensuite quadrillé la place, dont on ne peut pas approcher désormais à moins de 100 mètres.

Des dissenssions continuaient d’apparaître au sein de l’armée dimanche, alors que le lieutenant-colonel Zida s’est proclamé chef de la transition. Le nom de l’ancien général Kouamé Lougué, dont le nom avait été scandé par la foule le 30 octobre, continuait d’être régulièrement cité. Celui-ci a en outre affirmé dimanche n’avoir pris aucune part dans les différents communiqués par l’armée et s’est posé comme une cible potentielle du nouveau régime du lieutenant-colonel Zida. Selon Radio Omega, le général à la retraite s’est réfugié chez le Mogho Naaba, le chef des Mossis, après avoir tenté d’annoncer sa prise de pouvoir à la télévision publique.

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L’opposition s’est quant à elle prononcée contre la "confiscation" de la transition par le pouvoir militaire, appelant, tout comme le secrétariat d’État américain, à une remise du pouvoir aux autorités civiles. Néanmoins, des dissenssions apparaissent également. Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition déclarait ainsi dimanche que "les présidents de partis qui viendraient à s’autoproclamer "Présidents de la transition" [parlaient] en leurs noms personnels". Lors des manifestations de ce dimanche, le nom de Saran Sereme a notamment était beaucoup entendu.

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Des pourparlers entre l’opposition et le lieutenant-colonel Zida se sont ouverts ce dimanche à 16 heures, heure locale, au Conseil économique et social. Une importante délégation de la classe politique y était attendue. La durée de la transition ainsi que l’implication des autorités civiles dans celle-ci devaient y être évoquées.

 

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Par Mathieu OLIVIER

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