Burkina : l’opposition conteste la transition « confisquée par l’armée »

L’opposition et la société civile du Burkina Faso ont appelé la population à une démonstration de force dimanche. Objectif : contester le nouvel homme fort de la transition, le lieutenant-colonel Isaac Zida, adoubé par l’armée.

Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition. © AFP

Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition. © AFP

Publié le 2 novembre 2014 Lecture : 3 minutes.

L’opposition et la société civile burkinabè tentent de reprendre la main, après la chute de Blaise Compaoré. Ils ont ainsi refusé catégoriquement une "confiscation" du pouvoir par l’armée et ont appelé à un nouveau rassemblement dimanche sur la place de la Nation dans la capitale Ouagadougou.

"La victoire issue de l’insurrection populaire appartient au peuple, et par conséquent la gestion de la transition lui appartient légitimement et ne saurait être en aucun cas confisquée par l’armée", ont écrit les partis de l’opposition et les associations de la société civile dans un communiqué commun. Elles ont souligné dans ce document "le caractère démocratique et civil que doit avoir cette transition".

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Toutefois, le mouvement Balai Citoyen affirme se démarquer des appels aux nouvelles manifestations. Dans une interview à la BBC, un des responsables du Balai, le rappeur Smockey Bambara, a déclaré qu’une transition militaire était indispensable pour restaurer la sécurité. "Il ne faut pas oublier qu’il y a eu 27 ans de dictature au Burkina Faso et qu’il faut d’abord établir la sécurité," a déclaré Smockey Bambara. "Parce qu’il y avait que des pillages et des violences, il n’y a que l’armée qui peut accomplir cette mission (de sécurité). Il nous est apparu donc nécessaire de faire un deal avec l’armée."

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Vingt-quatre heures après la chute et la fuite du président Blaise Compaoré, les hauts gradés de l’armée avaient mis fin à leurs dissensions en désignant samedi "à l’unanimité" le lieutenant-colonel Zida, 49 ans, numéro deux de la garde présidentielle, comme chef d’un régime de transition, aux dépens de son rival, le chef d’état-major des armées, le général Nabéré Honoré Traoré, qui briguait le poste. Ils avaient affirmé que cette transition se ferait de manière démocratique, en concertation avec l’opposition et avec la société civile, tout en restant flous sur les modalités pratiques.

L’Union africaine a exhorté dans la soirée "les acteurs politiques et la société civile du Burkina Faso à travailler ensemble (…) pour convenir d’une transition civile et inclusive devant déboucher sur la tenue, aussi rapidement que possible, d’élections libres". Outre ceux de l’UA, des représentants de l’ONU et de la Cédéao, l’organisation régionale de l’Afrique de l’Ouest, continuaient de mener à Ouagadougou une mission de bons offices.

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Quant à Blaise Compaoré, après deux jours d’un soulèvement populaire qui a fait une trentaine de morts et une centaine de blessés, selon l’opposition, il s’est réfugié avec sa famille et ses proches à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire.

>> Lire aussi : "Exclusif. Burkina : Blaise Compaoré s’est réfugié à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire"

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"Ceux qui ne veulent pas un militaire au pouvoir, ils veulent mettre qui ?"

En dépit du climat politique toujours tendu, le calme était revenu samedi dans les grandes villes du Burkina Faso, théâtres de débordements et pillages les jours précédents. À l’appel du Balai citoyen, une organisation de jeunesse en pointe dans la mobilisation, des groupes de jeunes ont nettoyé les rues de Ouagadougou, jonchées de débris, carcasses et pneus brûlés.

Le nouveau pouvoir militaire a décidé la réouverture des frontières aériennes – fermées depuis la veille – et un allègement du couvre-feu, qui reste en vigueur de 22h00 (contre 19h00 auparavant) à 06h00. Les frontières terrestres restaient officiellement fermées. Cependant à "Ouaga", le grand marché et les banques sont restés fermés.

Plusieurs habitantse sont dit déterminés à ne pas laisser le pouvoir aux militaires. "Nous sommes totalement contre la prise de pouvoir par les militaires", a déclaré Salif Ouedraogo, un agent d’assurances de 38 ans. "Nous réclamons un civil à la tête de l’Etat et nous allons nous regrouper place de la Révolution pour dire non au pouvoir militaire, même s’il faut que le peuple saigne davantage".

Gildas Zongo, un étudiant de 25 ans, s’interrogeait pourtant, soulignant l’absence d’alternative politique crédible, après le long règne de Blaise Compaoré qui a étouffé l’opposition: "Ceux qui ne veulent pas un militaire au pouvoir, ils veulent mettre qui ?"

(Avec AFP)

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