Les animaux perdent la boule
Les écologistes ont-ils raison de claironner que notre planète va mal ? Que le réchauffement de l’atmosphère terrestre ne cesse de s’accélérer à cause de l’émission effrénée de gaz à effets de serre ?
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Tshitenge Lubabu M.K.
Ancien journaliste à Jeune Afrique, spécialiste de la République démocratique du Congo, de l’Afrique centrale et de l’Histoire africaine, Tshitenge Lubabu écrit régulièrement des Post-scriptum depuis son pays natal.
Publié le 10 mars 2017 Lecture : 2 minutes.
En dépit de la gravité de la situation, beaucoup pensent – mais est-ce vraiment penser ? – que les écologistes sont des rabâcheurs, des rabat-joie invétérés. En un mot comme en mille, les sceptiques ne démordent pas de l’idée suivante : la Terre va bien. Tant pis pour eux !
Car tout démontre que notre planète a perdu la tête. Des exemples concrets ? Je connais un gallinacé dont les maîtres étaient mes voisins. Comme ils ne le nourrissaient pas, le pauvre se débrouillait seul. Véritable caïd, mon voisin le coq avait fière allure. Il marchait toujours devant sa grande famille. Et trouvait à picorer dans les rues nauséabondes du quartier.
Des cocoricos à 22 heures ! Les gallinacés ont perdu le nord.
C’est à croire que les gallinacés sont immunisés contre l’insalubrité. Il faudra poser la question aux vétérinaires. En fin de journée, Maître Coq et sa bande regagnaient leurs pénates. Ses maîtres n’ayant rien aménagé pour lui, il passait ses nuits sur un manguier. Dès 22 heures, de tonitruants cocoricos jaillissaient de son gosier. Curieusement, tous les coqs, dans un périmètre de trois kilomètres, lui répondaient à l’unisson. Des cocoricos à 22 heures ! Les gallinacés ont perdu le nord.
Un jour, j’ai voulu aider des moineaux à varier leur alimentation. De quoi se nourrissent-ils ? De fourmis tellement minuscules qu’il en faut des tonnes pour les rassasier. Je commence par un gros morceau de gaufre. Trois moineaux accourent. Ils tournent autour de la pâtisserie sans la becqueter. Finalement, ils s’envolent !
Déconcerté, je tente une nouvelle expérience en leur proposant un repas de qualité supérieure : des grains de blé… bio. Ils reviennent et répètent le même manège, avant de repartir sans toucher à rien. Une brave poule passe par là. Elle avale deux ou trois grains de blé. Puis, elle s’en va comme elle est venue : en maugréant.
Cela me rappelle un chat qui venait d’attraper une souris…
Imaginez ma surprise lorsque j’ai découvert que les moineaux sont plutôt… carnivores ! Oui. J’en ai vu à l’œuvre. Avec une précision déroutante, un tout petit moineau attrape un gecko étourdi, lui ouvre la poitrine comme un chirurgien, avant de se régaler sans toucher ni à la tête ni à la queue. Rassasié, il prend les airs. Curieusement, aucun autre moineau n’est venu se repaître des restes du gecko.
Cela me rappelle un chat qui venait d’attraper une souris. Qu’en a-t‑il fait ? Il a tout simplement transformé sa proie en… jouet ! J’en conclus que ces pauvres bêtes ont perdu la boule. Ce n’est pas Fanny qui dira le contraire. Fanny ? C’est une petite chienne à poils roux appartenant à mes voisins. Avec un autre chien, elle passe toute la journée enfermée dans un réduit.
À 22 heures, Fanny et son camarade retrouvent l’air libre jusqu’à 4 heures du matin. Normaux, ils adorent les os. Depuis que je leur en donne, Fanny dort devant ma porte. Dès qu’elle me voit, elle se couche sur le côté droit, agite ses pattes de devant comme si elle nageait. Où a-t‑elle appris cela ? Je n’en sais rien.
Mais c’est une stratégie bien élaborée pour obtenir un os.
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